Président du Fonds culturel national (Focuna) du Luxembourg, Jo Kox a été mandaté en 2016 par le Premier ministre Xavier Bettel pour rédiger le premier plan de développement culturel du pays.
Le 29 juin 2018, il a présenté devant un parterre de 400 élus, représentants institutionnels et acteurs culturels, le fruit de deux années de consultations, de réflexions et de propositions.
Le plan de développement dont vous êtes l’auteur présente en 190 pages votre vision de la culture et votre plan d’action. Comment votre projet a-t’il été accueilli ?
Certaines réactions ont été très positives, d’autres, moins. Il s’agit d’un document de travail qui ouvre de multiples pistes. Son principal objet est de redéfinir les missions prioritaires du ministère de la Culture. Nous sommes aujourd’hui dans la même situation que si le ministère de l’Agriculture exploitait sa propre ferme. Il me semble important de redéfinir le positionnement des acteurs et de clarifier le rôle de chacun. Les partenaires concernés par le débat ont maintenant un mois pour réagir.
Votre travail revient sur la labellisation « capitale européenne de la culture » obtenue par Luxembourg en 1995 et en 2007, puis par Esch-sur-Alzette pour 2022. En quoi ce label est-il utile ?
A deux reprises, il a suscité un réveil politique et généré des crédits qui ont ancré des investissements durables. Il a également permis une prise de conscience collective des enjeux de la culture. C’est pourquoi je souhaite à Esch-sur-Alzette de saisir cette opportunité qui ne se représentera sans doute pas au cours des 30 prochaines années !
Esch 2022 peut-il consolider la coopération transfrontalière ?
Les subventions s’arrêtent aux frontières ! Mais cela n’empêche pas la coopération au quotidien. Si deux directeurs de musée français et luxembourgeois ont envie de coopérer, ils le font, mais dans le cas contraire, on ne peut pas les y contraindre. Les échanges reposent sur des affinités. Lorsque j’étais directeur du Casino, le forum d’art contemporain luxembourgeois, nous avons engagé de nombreux échanges avec Fonds régional d’art contemporain de Lorraine, le centre Pompidou-Metz ou la Synagogue de Delme. Aujourd’hui, je constate de fortes implications transfrontalières du côté de la Kulturfabrik d’Esch-sur-Alzette, des réseaux de théâtres autour du Nest à Thionville ou encore, du côté des conservatoires de la Grande Région, qui réalisent des coproductions. Certes, l’idée d’un fonds culturel transfrontalier, dont on parlait déjà en 2007, n’a pas abouti. Mais quand on veut coopérer, on coopère.
Propos recueillis par Pascale Braun
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