Directeur de l’Etablissement public d’aménagement de l’opération d’intérêt national Alzette-Belval, Jean-Christophe Courtin a été élu en mars 2019 président du Groupement européen de coopération transfrontalière (GECT) Alzette-Belval. Dotée d’une gouvernance franco-luxembourgeoise (1), la structure contribue à la cohésion d’une agglomération binationale de 100.000 habitants qui cherche à exprimer une culture commune.
Deux projets majeurs se préparent sur votre territoire : la construction du Pôle culturel de Micheville côté français et Esch 2022 côté luxembourgeois. Comment le GECT accompagnera-t-il ces deux événements ?
Le GECT n’est pas à la manœuvre, mais il peut accompagner les choses. C’est la Communauté de communes du Pays-Haut-Val d’Alzette (CCPHVA) qui assure la maîtrise d’ouvrage du Pôle culturel de Micheville et en déterminera la programmation. Côté luxembourgeois, c’est la Ville d’Esch qui porte le projet Esch 2022. La stratégie n’est pas encore actée, mais le GECT se mettra au service d’une logique d’agglomération. Je ne peux pas imaginer que le Pôle culturel de Micheville, qui ouvrira en 2021, ne soit pas intégré à Esch 2022. 2022 sera une date importante pour le territoire, qui partage une culture commune. L’histoire de l’industrie, des mines et de l’immigration, notamment portugaise et italienne, ont créé un même terreau. Le sidérurgiste luxembourgeois Arbed travaillait indifféremment de part et d’autre de la frontière. Esch 2022 a choisi pour thème cette histoire commune.
Comment cette proximité culturelle se traduit-elle au quotidien ?
Essentiellement par le travail des associations. Une culture populaire se constitue autours des des marches de découverte ou des courses transfrontalières. Les clubs sportifs qui pratiquent la même activité échangent leurs équipements, notamment en foot ou en escalade. Le contrat de Rivière transfrontalier a organisé ce printemps un nettoyage commun intitulé « Déchets plastiques, de l’Alzette à l’Océan ».
Nous constatons un regain d’intérêt pour une histoire commune. On communique peu sure ce passé, mais il n’est pas oublié. Par exemple, on ignore souvent l’existence du camp de Thil, dont les mines ont servi d’atelier d’assemblage des bombes allemandes durant la Deuxième guerre mondiale. Le passé industriel a également laissé des traces impressionnantes, comme les grands murs de soutènement de la voie ferrée encore bien visibles à Micheville.
Comment envisagez-vous les prochaines coopérations ?
L’EPA a confié au paysagiste Michel Desvignes une étude et un schéma de valorisation paysager sur l’ensemble du territoire de la CCPHVA. Ce travail prévoit entre autres la valorisation du patrimoine bâti industriel et minier. Il s’appuie sur la collecte de témoignages de résidents et d’usagers des huit communes. Il s’agit là d’un projet franco-français, mais il rejoint la candidature du Luxembourg pour inscrire le site transfrontalier des Terres rouges au programme des biosphères de l’Unesco. Le projet European Cross-Border Mechanism (ECBM) porté par le Parlement européen pour aplanir les obstacles transfrontalier peut servir de cadre à ces nouvelles coopérations. Territoire d’expérimentation, le GECT dessine une nouvelle forme de gouvernance pour assurer le continuum urbain de la métropole transfrontalière.
Propos recueillis par Pascale Braun
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