Spécialiste des fonds européens, Isabelle Prianon dirige l’Eurodistrict SaarMoselle depuis sa création en 2010. Ce groupement européen de coopération transfrontalière, qui englobe les 350 000 habitants de la communauté urbaine de Sarrebruck et les 250 00 habitants de sept intercommunalités est-mosellanes, a finalisé courant novembre son programme d’action 2015/2020, qui comporte 18 projets retenus parmi quelque 80 propositions.
Quelles sont les priorités de l’Eurodistrict SaarMoselle pour sa nouvelle programmation ?
Nous avons instauré quatre conférences thématiques dédiées au développement économique, au tourisme, à la cohésion sociale et à l’aménagement urbain et territorial – y compris les transports. Le développement économique intègre à la fois le marketing territorial, pour lequel nous avons déjà construit des outils, et le suivi des entreprises candidates à l’implantation sur notre territoire. En matière de tourisme, nous conforterons l’existant – en particulier le cyclotourisme. SaarMoselle compte à présent 300 kilomètres de pistes cyclables qu’il faudra aménager et doter d’offres de services publics et privés tels que l’hébergement, le portage des bagages ou les bornes de rechargement pour les vélos électriques. Nous allons également promouvoir la Route du feu, qui retrace un parcours à la fois industriel et culturel de dix sites remarquables en Sarre, en Moselle et dans le Bas-Rhin. La nouvelle thématique de la cohésion sociale englobe l’initiation au bilinguisme dès le plus jeune âge et l’immersion de jeunes dans la culture du voisin. En matière d’aménagement urbain, nous comptons poursuivre le projet Bande bleue de la Sarre, qui a constitué l’une de nos plus belles réussites, en poursuivant la valorisation urbaine et touristique de la vallée de la Sarre. Nous poursuivrons également la reconfiguration des lignes de bus entre Saint-Avold et Sarrebruck et entre Saint-Avold et Sarrelouis, tout en travaillant au projet de tram-train Forbach-Sarrebruck, qui a bien redémarré cet automne.
Pour ce nouveau programme, êtes-vous repartis sur les mêmes bases que lors de la création de l’Eurodistrict voici cinq ans ou avez-vous défini de nouvelles méthodes de fonctionnement ?
Nous ne sommes pas repartis sur les mêmes bases. Il fallait clarifier les compétences de l’Eurodistrict et admettre que nous ne pouvons pas tout faire. Pour cette nouvelle programmation, il est acté que si nous acceptons des missions supplémentaires, il faudra y affecter les moyens correspondants. Nous devons cibler nos actions pour les pérenniser et y impliquer tous nos territoires – ce qui reste une gageure. Plus on s’éloigne de la frontière, plus le degré d’implication a tendance à se distendre. Nous voulons nous focaliser sur des projets auxquels tous nos adhérents puissent participer.
Comment comptez-vous gérer la période de transition entre les fonds européens Interreg IV A et V ?
Les fonds Interreg V me semblent en phase avec la plupart de nos projets – à l’exception des transports, pour lesquels il est possible d’en mobiliser d’autres. Cette phase transitoire fait partie des difficultés habituelles pour une structure comme la nôtre. Les projets que nous portons impliquent un grand nombre de partenaires. Nous pourrons donc utilement consacrer une partie de l’année 2016 à des travaux préparatoires.
Nos interrogations ne portent pas uniquement sur les fonds européens. L’Eurodistrict est en partie financé par les fonds du Contrat de plan Etat-Région dont nous ne savons pas s’ils resteront liés à chaque ancienne région, s’ils seront mutualisés ou s’ils seront remis en cause – et ce, quelle que soit la couleur politique du prochain exécutif.
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