De nouveaux modèles de voitures génèrent des investissements. Les sidérurgistes pérennisent leurs implantations. Les grandes manoeuvres dans la chimie font poindre des incertitudes sur l’avenir.
Ni implantations majeures ni crash retentissants dans la région ces douze derniers mois. Après les inquiétudes nées du rachat d’Arcelor par Mittal Steel et quelques délocalisations fracassantes en 2006, l’industrie régionale se recentre sur ses fondamentaux où les industriels des secteurs de l’automobile, de la sidérurgie et de la chimie conservent une place prépondérante.
Constructeurs d’automobiles et équipementiers de première monte continuent à trouver ici une main-d’oeuvre compétente. Performante, l’usine Sovab de Batilly (Meurthe-et-Moselle) a décroché de haute lutte l’assemblage du successeur du Master, que sa maison mère Renault n’excluait pas de faire produire dans un pays de l’Est. Smart France a lancé, en février dernier, à Hambach (Moselle), la production de la deuxième génération du Fortwo, l’unique succès commercial de la marque.
Les équipementiers investissent également dans l’augmentation de leurs capacités de production ou dans le lancement de nouveaux produits. Thyssenkrupp Presta France a bénéficié d’une opportunité immobilière et de plus de 1 million d’euros de subventions pour implanter, sur le site désaffecté de GKN, voisin de son usine de Florange (Moselle), une extension de 14 000 mètres carrés. Johnson Controls et Grupo Antolin Vosges, fabricants de pare-soleil, respectivement basés à Creutzwald (Moselle) et Rupt-sur-Moselle (Vosges), consacrent à leurs sites des investissements compris entre 3 et 5 millions d’euros, tandis que le fabricant de climatiseurs Behr France, d’Hambach (Moselle), engage un investissement de près de 5 millions d’euros dans une ligne supplémentaire de production.
les investisseurs étrangers créent des emplois
Annoncée début juin, la prolongation de la filière liquide d’Arcelor-Mittal, qui maintiendra ses deux hauts-fourneaux de Hayange au moins jusqu’en 2012, pérennisera quelque 800 emplois. La bonne santé du secteur de l’acier paraît de surcroît de nature à conforter la sidérurgie lorraine dans son ensemble. Cette constance de bon augure semble s’appliquer à l’ensemble des géants mondiaux implantés en Lorraine.
Nous avons comptabilisé l’an dernier trente-quatre dossiers d’investisseurs étrangers, dont 70 % d’extensions, qui ont généré 1 730 emplois. Ces données, tout à fait cohérentes par rapport aux années précédentes, témoignent de la fidélité de ces groupes à leurs sites lorrains.
Jean-Pierre Huet, le directeur d'Adiélor (Agence pour le développement des investissements extérieurs en Lorraine) jusqu'en mai dernier
La Lorraine est passée de la cinquième à la septième place des régions accueillant des investissements étrangers. Les efforts du conseil régional pour soutenir l’innovation, les transferts de technologie et la recherche portent leurs fruits en toute discrétion. Le pôle de compétitivité Mipi (Matériaux innovants – Produits intelligents) enregistre ses premiers succès avec deux projets retenus par l’Etat et compte travailler sa notoriété pour prétendre à une dimension internationale.
Dans la chimie, les nombreux arrêts de tranche de 2006 ont permis de grosses opérations de maintenance, entraînant une progression de 20 % des investissements qui dépassent les 120 millions d’euros pour l’année écoulée. Haut lieu de la chimie régionale, Carling (Moselle) fera l’objet d’investissements record s- mais la réorganisation des infrastructures trouve son origine dans la fermeture du vapocraqueur II, qui privera l’usine Inéos de Sarralbe d’un approvisionnement en éthylène et en propylène. La manne de 8 millions d’euros promise par TPF pour contribuer à la revitalisation du bassin d’emploi suscite des inquiétudes, car elle pourrait préfigurer de restructurations majeures à moyen terme.
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