« Faut-il être fou pour être entrepreneur » ? A cette question posée en préambule de l’assemblée générale de la Fédération du BTP de la Meuse fin novembre, Philippe Bloch a résolument répondu par l’affirmative.
Le parti d’inviter le fondateur malheureux d’une chaîne de cafés non fumeurs à exposer ses théories sur la réussite économique devant un parterre d’entrepreneurs du BTP pouvait sembler loufoque. Et pourtant… Décrivant un secteur d’activités réputé pour son machisme, dépourvu de structures, en panne d’innovation, n’attirant plus les jeunes et craignant pour son avenir – celui des bistrotiers, bien sûr – , l’auteur de « Service compris » et de « Bienheureux les fêlés » a rapidement conduit son auditoire sur un terrain connu : le parcours du combattant du chef d’entreprise. Évoquant en connaissance de cause les études de marché accablantes, les banquiers prompts à dire non, les erreurs fatales – dont la pire fut sans doute de perdre la majorité des parts au moment même où son entreprise était sauvée – le conférencier a démontré avec humour, et parfois par l’absurde, que Churchill avait raison de croire que « la réussite consiste à courir d’échec en échec en gardant l’enthousiasme ».
Cible atteinte
Étayé par l’expérience personnelle, enrichi par des récits de voyage et parsemé d’indicateurs chiffrés, le message de l’entrepreneur pas si malheureux que cela a touché sa cible. Tout dirigeant a intérêt à conquérir son client – qu’il soit maître d’ouvrage d’un pont ou particulier voulant installer sa baignoire – en lui offrant une prestation irréprochable et attentionnée. Chaque patron devrait se souvenir qu’une période d’essai constitue un test réciproque, qu’il est illusoire d’imposer un modèle sans montrer l’exemple et qu’il n’est jamais vain de remercier un salarié, de le féliciter et de lui faire confiance.
Un tel message ne pouvait qu’alléger le point de conjoncture plutôt inquiet dressé par Pierre Nicora, président de la fédération meusienne du BTP. Tandis que les entreprises du bâtiment tirent leur épingle du jeu avec un carnet de commande rempli pour trois à six mois, les travaux publics s’inquiètent de la baisse des prix et des retards au démarrage des grands chantiers meusiens annoncés pour un montant de 550 millions d’euros. Président de la fédération nationale des Travaux publics, Patrick Bernasconi a présenté les axes de mobilisation de la profession depuis l’été dernier : le désengagement de l’État et les incertitudes sur les prochains contrats de plan État Région doivent faire émerger de nouveaux types de financement. Car les besoins, notamment en matière de diversification énergétique, de réseaux de télécommunication, d’assainissement et de routes, restent bien réels.
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