La région et l’entreprise John Cockerill ont soutenu, ensemble, la reconnaissance de la future usine d’électrolyseurs alsacienne du groupe belge d’ingénierie et de maintenance au titre des grands projets européens.
Deux ans après la création de son consortium Dinamhyse, le Grand Est engrange les premières retombées de sa stratégie d’accompagnement des acteurs régionaux de l’hydrogène. En 2021, le groupe belge John Cockerill, dirigé par le lorrain Bernard Serin, a annoncé l’implantation d’une « mégafactory » à d’Aspach-Michelbach, dans le Haut-Rhin, au terme d’un investissement de 100 millions d’euros.
Le projet relève avant tout du pragmatisme. John Cockerill détenait dans cette commune une usine dont il souhaitait délocaliser la production. Moderne et vacant, le site se prêtait bien à l’installation d’une usine d’électrolyseurs, qui générera 340 emplois. Le groupe belge a aussi bénéficié durant deux ans du soutien de la collectivité dans sa candidature au projet important d’intérêt européen commun (PIIEC) Hy2Tech, spécialisé dans la production d’hydrogène.
Obtenue courant juillet, cette reconnaissance, qui permet de déplafonner les subventions, accélérera la production du site alsacien tout en boostant la R&D du groupe.
Le soutien de la région et la dimension transfrontalière du projet ont joué un rôle dans la sélection de notre dossier.
Raphaël Tilot, patron de la division énergies renouvelables de John Cockerill, qui intègre l'hydrogène
Hy2Tech allouera 5,4 milliards d’euros à une quarantaine de projets européens.
Trait d’union
Bien positionné sur les corridors énergétiques qui doivent à terme connecter l’Espagne, voire l’Afrique, aux consommateurs d’hydrogène du nord de l’Europe, le Grand Est compte accueillir ces infrastructures et y injecter ses propres apports en énergie renouvelable. Sa proximité avec l’Allemagne et le Luxembourg pourrait être un atout mais, dans les faits, elle se traduit par une complexité accrue.
Nous attendons que Bruxelles structure un écosystème transfrontalier qui part dans tous les sens.
Jean Rottner
Le président LR du Grand Est s’est assuré le soutien du Luxembourgeois Claude Turmes, secrétaire d’Etat au Développement durable et aux Infrastructures, et de Winfried Kretschmann, ministre-président du Land allemand du Bade-Wurtemberg (tous deux écologistes), pour obtenir une feuille de route qui massifierait la production d’énergies renouvelables le long de réseaux adaptés aux échanges transfrontaliers.
Dans le Rhin supérieur, GRTgaz a annoncé la création d’un réseau d’une centaine de kilomètres dénommé RHYn (Rhine HYdrogen Network). Cette infrastructure d’une capacité annuelle de 125.000 tonnes pourrait franchir le Rhin et desservir l’aéroport de Bâle-Mulhouse. En Moselle, le projet MosaHYc, prévu sur le site de l’actuelle centrale thermique Emile-Huchet, doit desservir à la fois la Sarre et le Luxembourg. Mais Paris semble pour l’heure peu enclin à cofinancer cet emblématique projet transfrontalier.
--Télécharger l'article en PDF --