Le réseau Action Saar Lorraine organise ce mardi 9 juin 2015 une journée professionnelle intitulée « Entreprendre avec succès sur le territoire transfrontalier ».
La manifestation réunira une trentaine d’élus, de représentants institutionnels et d’experts de la Grande Région au centre Eurodev de Forbach. Directeur adjoint du Cnam en Lorraine, Guy Keckhut tire un bilan à la fois enthousiaste et nuancé du programme Action Saar Lorraine, soutenu par les fonds Interreg V-A durant deux ans.
Quelles sont les principales réalisations d’Action Saar Lorraine qui s’achèvent aujourd’hui ?
Nous avons mis en place une plateforme virtuelle (ici) pensée comme un outil pragmatique qui puisse donner envie aux entreprises et aux créateurs potentiels sarrois et lorrains de traverser la frontière. Le site donne des informations pratiques sur le contexte réglementaire de part et d’autre et propose gratuitement des tests de positionnement pour aider les entreprises à se situer sur le marché transfrontalier. Nous avons par ailleurs organisé, en deux ans, six manifestations thématiques dont quatre « After Work » réunissant des jeunes, des entreprises ou des institutions, et deux « cafés des managers » invitant des dirigeants à des petits-déjeuners sur des sujets de leur choix. Cette initiative a remporté beaucoup de succès et se prolongera au-delà d’Action Saar Lorraine.
Avez-vous le sentiment d’assister à un véritable essor de la coopération transfrontalière ?
De nombreux acteurs dont les chambres de commerce, la Région, le département de la Moselle, le ministère sarrois des Affaires européennes, envoient des messages positifs, mais dans les faits, la coopération transfrontalière ne paraît pas constituer une priorité absolue. Action Saar Lorraine démontre qu’il existe encore beaucoup de freins et pas beaucoup d’argent. Nous avons voulu prouver qu’il fallait donner un tout petit peu de moyens pour donner envie aux entreprises de s’impliquer dans le marché frontalier. Pour mener ses projets avec le plus de sérénité possible, il faut connaître l’environnement du voisin et se faire confiance. Ce n’est pas si facile.
Comment percevez-vous la Frankreichstrategie de la Sarre ?
C’est une excellente initiative, même s’il faut la relativiser. Je ne crois pas une seconde que 100 % des Sarrois parleront français en 2043. Mais si 60 % y parviennent, ce sera déjà très bien. La coopération transfrontalière avait besoin de ce signal, de cette impulsion. Pour l’instant, la Sarre est dépassée par le succès de la Frankreichstrategie. Elle a fait émerger tant de projets que le Land ne peut pas tous les mener de front. Il faudra attendre qu’il les priorise et qu’il les finance, notamment pour former des salariés au bilinguisme au sein des entreprises sarroises.
Comment le Cnam se positionne-t-il sur le marché transfrontalier ?
Action Sarre-Moselle nous a entre autres permis de nous rapprocher de la chambre des métiers sarroise IHK et l’Eurodistrict SaarMoselle, avec lesquels nous n’avions aucun lien auparavant. Le Cnam, qui constitue une entreprise à part entière, a formulé des propositions très concrètes pour créer un outil de formation transfrontalière de haut niveau. Nous avons abordé ce marché voici 10 ans avec le Luxembourg. A cette époque, la démarche transfrontalière ne suscitait pas grand intérêt à Paris. Aujourd’hui, elle revêt une vraie dimension et s’inscrit dans la politique européenne du Cnam au même titre que les coopérations avec l’Italie ou l’Espagne.
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