En moins d’un an, le Greta Lorraine Est est passé d’une à trois plateformes de formation délivrant aux demandeurs d’emploi des qualifications reconnues en France et en Allemagne. Ces doubles cursus créent une passerelle entre le manque d’emploi du Grand Est et le besoin de main d’œuvre allemand, mais démontrent l’insuffisance d’accords bilatéraux qui entérineraient l’équivalence des qualifications.
Pour le Greta Lorraine Est, la double certification franco-allemande constitue plus que jamais le sésame de l’emploi en Allemagne. Basée à Saint-Avold et implantée à Sarrebourg et à Creutzwald, dans l’est mosellan, la structure pérennise sa plate-forme « productique », qui accueillera 20 stagiaires à la prochaine rentrée, et lance deux nouvelles plateformes de formation transfrontalières respectivement dédiées aux conducteurs de trains et aux professionnels de la maintenance industrielle. Cofinancées par Pôle emploi et l’Agefos, ces deux formations accueilleront 12 stagiaires chacune et déboucheront, pour les bénéficiaires, sur un titre professionnel reconnu en France et sur une certification validée par la chambre de commerce et d’industrie (IHK) de Sarre.
80 % de retour à l’emploi
Dans le domaine de la formation professionnelle, les frontières existent encore. Les employeurs allemands n’ont véritablement confiance dans les compétences des candidats que si elles sont validées par leurs propres organismes d’évaluation. La double certification constitue aujourd’hui la meilleure réponse que nous puissions apporter aux demandeurs d’emploi lorrains pour les aider à trouver du travail en Allemagne.
Guy Borsenberger, conseiller en formation continue au Greta de Lorraine Est
Le Greta Lorraine Est compte étoffer son offre au cours des prochains mois pour l’étendre aux formations à la conduite de systèmes industriels, au bâtiment, au secteur sanitaire et social et au domaine de l’énergie. Effectuées à parts égales entre le Greta et des organismes sarrois, ces formations d’environ 700 heures s’adressent en priorité aux demandeurs d’emplois âgés de moins de 26 ans et présentent un remarquable taux de retour à l’emploi de 80 %.
Former les travailleurs du pays voisin
Les réticences exprimées par certains politiques rechignant à investir dans la formation de travailleurs français pour la plus grande satisfaction des employeurs frontaliers allemands ont laissé place à une politique pragmatique : en trouvant du travail dans les Länder voisins, les demandeurs d’emploi du Grand Est soulagent le système social français et regagnent un pouvoir d’achat fort utile à l’économie locale.
Le recours aux doubles qualifications franco-allemandes constitue pour l’heure la meilleure manière de contourner l’absence de reconnaissance bilatérale des diplômes entre pays voisins. Cette intégration achoppe en partie sur les différences intrinsèques entre un système allemand réservant la formation générale au système éducatif et la formation professionnelle aux entreprises tandis que les centres de formation français intègrent les deux aspects – au risque de se trouver dépassés par les évolutions technologiques de métiers avec lesquels ils ne sont pas en prise directe. Elle fait également les frais de considérations économiques et politiques qui tendraient à privilégier le « chacun pour soi ».
Une carence politique
En coopérant directement, les organismes de formation pallient une carence politique et institutionnelle. Elles ouvrent aux demandeurs d’emploi lorrain l’accès aux emplois voisins, atténuent l’impact du déclin démographique pour les entreprises allemandes, pourvoient en main d’œuvre les entreprises est-mosellanes à capitaux allemands et permettent même parfois à des demandeurs d’emploi allemands résidant en Moselle de suivre une formation pour trouver un emploi dans leur pays d’origine.
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