Ancien directeur d’EDF Allemagne, Gonzague Dejouany a fondé The Nesting Company, agence d’innovation dédiée aux technologies urbaines. A l’occasion de la semaine « Metz est wunderbar », il a exposé le potentiel technologique et commercial de l’espace franco-allemand et présenté un projet de fonds de financement transfrontalier.
Quels sont les objectifs de The Nesting Company ?
Implantée à Paris et à Berlin, l’agence se positionne sur le domaine des City Tech – les technologies urbaines englobant l’énergie, l’eau, la gestion des déchets et la mobilité – sur l’espace franco-allemand. Nous vivons une période charnière entre l’époque industrielle qui s’achève et l’ère digitale qui s’annonce. The Nesting Company se propose de mettre en contact des entreprises traditionnelles qui cherchent des relais de croissance dans le domaine du numérique et des start-up déjà mâtures qui ont besoin de financement et de structuration pour entrer en phase d’industrialisation.
The Nesting Company mise aussi sur une remarquable complémentarité entre la France et l’Allemagne. Les Allemands, qui adorent la technologie, ont fait de leur pays un laboratoire de la transition énergétique. Les Français sont les spécialistes des services et de l’ingénierie commerciale. Ils ont inventé les partenariats public-privé. Les deux pays représentent un marché de150 millions de consommateurs solvables et exigeants. En s’unissant, ils sont en mesure de faire face à la concurrence mondiale. The Nesting Company entend contribuer à faire jouer ces synergies.
Les zones frontalières du Grand Est et de l’Ouest de l’Allemagne vous semblent-elles bien placées pour faire fructifier le potentiel franco-allemand ?
L’espace Sarre-Lor-Lux, désormais élargi au Rhin supérieur, est une réalité depuis 25 ans. Il présente un extraordinaire maillage technologique et scientifique franco-allemand. Les instituts de recherche tels le CNRS, le Fraunhofer Institute de Sarrebruck ou le KIT (Karlsruhe Institute of Technology) entretiennent des relations de proximité lors des colloques internationaux, mais il leur manque une visibilité commune auprès des chercheurs, des étudiants et des salariés. Il faudrait un programme franco-allemand pour mettre en valeur les atouts du Grand Est et de l’Ouest de l’Allemagne. Cet espace pourrait accueillir de grands projets, car il est plus facile de coopérer de territoire à territoire que d’Etat à Etat.
Vous comptez initier un fonds de financement transfrontalier dénommé Aquarium. Quels en seraient les financeurs et les bénéficiaires ?
Ce fonds s’adressera à des PME françaises et allemandes mâtures qui cherchent des relais de croissance dans le pays voisin. Elles disposent de capitaux au long cours, mais ne peuvent pas attendre 15 ou 20 ans pour gagner progressivement du terrain dans le secteur des City Tech. Elles ont besoin de gros financements ponctuels pour constituer une alternative franco-allemande à la concurrence mondiale. J’envisage un panachage entre investisseurs publics et privés de premier plan, pour atteindre rapidement une masse critique de l’ordre de 100 millions d’euros. J’espère y parvenir en 2018. Je constitue en parallèle une société de capital-risque d’un montant de 5 millions d’euros destiné aux start-ups dans le secteur des City Tech et des cleantechs. Il ne faut pas passer à côté e la vague d’innovation que génèrent ces secteurs et il serait dommage que des entreprises de Paris et de Berlin travaillent chacune de leur côté sur des projets identiques au lieu de conjuguer leurs efforts.
Propos recueillis par Pascale Braun
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