Le laboratoire indépendant a levé 10 millions d’euros pour préparer un lancement à grande échelle. De nouveaux tests sont prévus avant la fin de l’année.
J’avance pas à pas dans un marché que je ne connais pas pour mettre à disposition des médecins un outil peu invasif permettant de détecter le cancer à des stades précoces
Bernard Bihain
Habitué à jouer cartes sur table, Bernard Bihain, président de Genclis (Genomic and clinical synergy) basée à Villers-lès-Nancy (Meurthe-et-Moselle) ne sous-estime ni le potentiel de sa découverte, ni la complexité des procédures qui jalonneront sa mise sur le marché. En novembre dernier, la présentation du premier test de dépistage sanguin des cancers du sein et du poumon avait fait sensation aux Journées internationales de biologie.
Les premiers résultats faisaient apparaître un taux de performance de 98 % de sensibilité (patientes testées et présentant la maladie) et de 87 % de spécificité (patientes testées négatif et non malades). La même méthode, appliquée à 157 patientes présentant un cancer du sein, a permis d’obtenir un taux de 99 % de spécificité et de 95 % de sensibilité. Réitéré au printemps dernier sur 360 cas de cancers du sein, le test a encore amélioré ses performances, qui atteignent aujourd’hui 98 % de fiabilité.
Des investisseurs convaincus
Les investisseurs ne s’y sont pas trompés. En juin dernier, Genclis a levé sans difficulté 10 millions d’euros apportés par la Banque de Vizille, le fonds Sudinnova, l’Institut lorrain de participation et la Banque populaire Lorraine Champagne.
Fondée en 2003, la PME de 40 salariés, qui a déjà consacré 7 millions d’euros à ses recherches au cours des deux dernières années, se trouve ainsi confortée en dépit d’une perte de 500.000 euros sur l’exercice 2009, qui s’est achevé sur un chiffre d’affaires de 2,2 millions d’euros. Les salariés restent de surcroît majoritaires avec 60 % du capital.
Initialement spécialisée dans la détection des allergènes à partir de l’ADN pour le compte d’industries pharmaceutiques et alimentaires, Genclis a mis au point en 2006 un test sanguin permettant de diagnostiquer l’allergie à l’arachide chez l’enfant dès l’âge de trois ans – un progrès d’autant plus remarquable que les tests eux-mêmes pouvaient naguère s’avérer mortels en cas de sur-réaction à l’allergène. Le diagnostic précoce du cancer du sein, qui s’adressera en priorité aux femmes présentant de forts risques génétiques ou familiaux, entrera d’ici à la fin de l’année dans une nouvelle phase de tests en aveugle. Genclis poursuit par ailleurs ses recherches sur la détection des cancers du poumon et du côlon.
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