« Gandrange, comme voyage de noces, il n’y a pas mieux », s’était emballé en 2018, en Moselle, Nicolas Sarkozy devant les salariés de l’aciérie de Gandrange . L’usine sera pourtant d’ici à 2024 reléguée au rang de souvenir.
Ex-conseiller de l’ancien président de la République reconverti dans l’industrie, Frank Supplisson a discrètement racheté, voici dix-huit mois, l’énorme friche sidérurgique à ArcelorMittal. Devenu président de Gandrange Industry, il annonce aujourd’hui avoir engagé la déconstruction du site pour permettre à la société de développement parisienne H2V Industry d’y implanter deux usines d’hydrogène, moyennant un investissement de 250 millions d’euros.
Une montagne de ferraille
Bien située et dotée d’infrastructures qu’il serait impossible de recréer aujourd’hui, l’aciérie présente une qualité de dessertes unique, parfaitement adaptée à un projet hydrogène.
Frank Supplisson
L’industriel a racheté la friche à ArcelorMittal pour un prix tenu secret et a engagé 30 millions d’euros dans le démantèlement des installations de surface. La revente de ces 85.000 tonnes de ferraille – dont le cours se monte actuellement à 215 euros la tonne – aux usines luxembourgeoises d’ArcelorMittal à Differdange et à Belval contribuera à équilibrer l’opération immobilière.
Trois cents emplois
A la fin de la déconstruction, prévue dans trois ans, Gandrange Industry se propose de louer le site, où subsisteront le poste à haute tension, les raccordements au gaz et à l’électricité et la dalle de refroidissement de 10 mètres d’épaisseur implantée dans le lit de l’Orne. A l’horizon 2024, le site libéré doit accueillir deux unités de production de 100 mégawatts chacune, qui emploieront 170 salariés, ainsi que plusieurs autres entreprises liées à la transition énergétique, qui devraient employer 130 personnes.
Des zones d’ombre demeurent dans ce dossier. Frank Supplisson et H2V Industry assurent n’être unis par aucun pacte d’actionnaires – bien que l’ancien directeur de cabinet d’Eric Besson ait été un moment présenté en 2016 comme le fondateur, puis comme président du « Petit Poucet de l’hydrogène ». Majoritairement détenue par le groupe Samfi , le holding d’Alain Samson, qui s’est associé à plusieurs reprises à Frank Supplisson, cette société de développement parisienne porte deux autres projets hydrogène en cours d’enquête publique, H2V Normandy, à Port-Jérôme-sur-Seine (Seine-Maritime), et H2V 59, à Dunkerque (Nord).
Stations-service d’hydrogène
En Moselle, Jean-Marc Léonhart, nouveau directeur général de HV2 Industry, voit dans Gandrange un site bien positionné, à proximité des grands axes autoroutiers et navigables de France. La future usine pourrait alimenter des stations-service d’hydrogène, contribuer à la décarbonation du transport fluvial et alimenter les conduites du réseau mosaHYc en gestation entre la Lorraine, la Sarre et le Luxembourg.
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