Coriace et aguerrie

L’ex-attachée de presse du conseil régional de la Lorraine a choisi d’intégrer les services d’une petite commune mosellane après la défaite de Gérard Longuet aux élections régionales.

Au soir du 28 mars 2004, j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps. On a beau savoir que son poste est précaire, c’étaient vingt ans de ma vie qui s’évanouissaient.

Pour encaisser le choc de l’échec de la droite au second tour des régionales, Frédérique Munerol, alors attachée de presse de la région Lorraine, s’est accordé une semaine de vacances. Dès le mois de mai, elle intégrait de nouvelles fonctions : chargée de communication à la mairie de Terville (6 600 hab., Moselle). Cinq ans plus tard, elle apparaît aussi souriante, épanouie et élégante qu’à l’époque où ses tenues faisaient sensation dans l’enceinte de l’hôtel de région.

Sur tous les fronts. Son cadre professionnel a pourtant changé. Aux fastes de l’abbaye Saint-Clément, qui abrite l’institution régionale, a succédé la mairie de Terville et l’architecture rectiligne de son bâtiment.

Le jour de mon arrivée, les bureaux étaient encombrés de seaux à cause des fuites d’eau. Mais les agents de la ville m’ont immédiatement accueillie comme l’une des leurs. La méfiance des habitants était attisée par la dette faramineuse à laquelle la commune s’était trouvée confrontée. Il était d’autant plus important de faire du bon boulot.

La nouvelle chargée de communication s’attelle à la création du « Journal de Terville ». Elle lance également le site internet de la ville, se charge des relations presse, rédige plaquettes, lettres de communication interne et communiqués. Elle quitte rarement son bureau avant 21 heures.

Sa récente affectation comme directrice du cabinet du maire lui permet non seulement de changer une nouvelle fois de fonction, mais aussi de s’affranchir de certaines contraintes de la fonction publique territoriale. Frédérique Munerol n’a en effet passé qu’un seul concours, celui d’adjoint administratif.

Depuis le début de ma carrière, j’ai toujours eu trop de travail pour reprendre des études et passer les concours. Pendant longtemps, une grande partie de mon salaire était due aux heures supplémentaires, puis aux primes. Le détachement me permet de percevoir un salaire correspondant à mon travail, qui équivaut largement à celui d’un cadre A.

Son léger bagage universitaire – le bac et une « vague » année de droit – n’a jamais nui à la reconnaissance professionnelle que lui ont accordée ses supérieurs successifs.
« C’est une belle personne, avec de l’éthique, de la morale, de l’attention à l’autre, et c’est en même temps une professionnelle rigoureuse, coriace, négociatrice », s’enthousiasme le consultant Francis Delanchy, qui supervisa ses débuts, au milieu des années 80, alors qu’il dirigeait la communication du conseil régional de Lorraine. Gérard Longuet taquinait volontiers la « gauchiste du cabinet ». Il accordait néanmoins une pleine confiance à l’attachée de presse aguerrie.

Invincible

A Terville, qui détint durant une décennie le titre peu envié de commune la plus endettée de France, les missions sont tout autres. La ville de gauche a fait confiance à un jeune avocat libéral, Patrick­ Luxembourger, pour sortir de l’impasse. Elle présente aujourd’hui des finances assainies. Mais elle fut exclue durant deux ans de la communauté d’agglomération portes de France-Thionville par son président, feu Jean-Marie­ ­Demange.

Aujourd’hui réintégrée dans l’intercommunalité, Terville entend restaurer son image et faire progresser des dossiers essentiels pour la ville, notamment en matière de transports transfrontaliers. « Elus et fonctionnaires, nous avons lutté contre tant d’adversité que nous sommes devenus invincibles », affirme Frédérique Munerol.

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