François Marzorati préside le comité de suivi des engagements d’ArcelorMittal à Florange.
Le Premier ministre vous a reconduit cet été dans la fonction de suivi des engagements d’ArcelorMittal qui vous avait été confiée en novembre 2012 lors de la crise de Florange. Votre mission reste-t-elle identique ?
Non, car les premiers engagements d’ArcelorMittal ont été tenus. Les 624 suppressions de poste liés à l’arrêt des hauts-fourneaux de Florange n’ont sonné lieu à aucun licenciement. ArcelorMittal s’était par ailleurs engagé à investir 180 millions d’euros à Florange de manière inconditionnelle, contrairement à Gandrange, où il avait conditionné les investissements au contexte économique – ce qui n’a rien de surprenant pour une entreprise privée. Fin 2017, le groupe a investi ou engagé 200 millions d’euros à Florange, auxquels s’ajouteront les 67 millions d’investissements annoncés cet été. Ma nouvelle mission consiste à veiller à la concrétisation de cet engagement et à la poursuite du volet qu’au volet R&D contenu dans les engagements de 2012. Le comité suivra également l’évolution des implantations d’ArcelorMittal sur les sites de Dunkerque et de Fos-sur-Mer. Lakshmi Mittal s’est engagé auprès d’Emmanuel Macron à consolider ses implantations en France.
A quoi le respect des engagements a-t-il tenu ?
La pression politique, la lutte syndicale et la focalisation médiatique ont certainement joué un rôle, mais la première raison est économique. Mittal avait repris un équipement performant, qui avait besoin d’être modernisés, et des salariés détenteurs d’une culture sidérurgique reconnue. Florange constituait une vitrine et ouvrait les marchés européens, et particulièrement les marchés français et allemands de l’automobile. Sur le plan syndical, le conflit a été plus dur qu’à Gandrange et a vu émerger la personnalité charismatique d’Edouard Martin, tandis que la CGT était en perte de vitesse. Florange s’est caractérisé à la fois par un bras de fer avec les syndicats et par une volonté de travailler ensemble. La CFDT et la CFE-CGC ont participé activement au comité de suivi, tandis que la CGT n’y siégeait pas et que FO y assistait par intermittence. C’est dommage, car participer au comité de suivi ne signifiait pas témoigner un accord, mais veiller à des engagements.
La méthode développée vous semble-t-elle reproductible ?
Le dossier lorrain se jouait à quitte ou double – maintien de l’emploi et investissements ou fermeture. La méthode choisie est celle d’échanges permanents entre direction, syndicats, collectivités et administrations. Elle a bien fonctionné parce qu’ArcelorMittal a joué le jeu. Elle est reproductible sur les autres sites du groupe, car elle intervient en appui des administrations territoriales sans entrer de des procédures administratives lourdes. Mais elle résulte d’une expérience particulière et demeure spécifique.
Propos recueillis par Pascale Braun
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