François Hollande effectuera ce lundi sa troisième visite en Lorraine en moins de trois ans. Attendu dans les Grands Bureaux d’ArcelorMittal à Florange, sur le site de la plate-forme publique de recherche-développement sur le recyclage de l’acier Métafensch à Uckange et à l’usine Safran de Commercy (Meuse), le chef de l’Etat ne manquera pas de souligner le respect des accords conclus avec ArcelorMittal et des engagements pris envers la région. Mais la dynamique promise dans le cadre du Pacte lorraine tarde à se concrétiser.
Florange, un succès gouvernemental ?
François Hollande ne manquera pas d’arguments pour défendre cette thèse lors de la visite prévue ce lundi sur le site mosellan d’ArcelorMittal. L’accord conclu entre l’Etat et le sidérurgiste en décembre 2013, après 18 mois de tourmente sociale et politique, s’avère respecté à la lettre. Le comité de suivi ArcelorMittal a annoncé fin octobre la concrétisation de 143 millions d’euros d’investissements, dont plus de la moitié en cours de réalisation, sur un objectif de 180 millions d’euros. Les 629 postes supprimés suite à l’extinction des derniers hauts-fourneaux mosellans n’ont donné lieu à aucun licenciement ni mutations forcées. Le chef de l’Etat lui-même tient parole en revenant à Florange comme il l’a promis lors de sa visite du 26 septembre 2013.
L’étape prévue sur la future plate-forme de recherche-développement publique sur l’acier d’Uckange rappelle une autre parole tenue. Annoncé l’an dernier, le projet Métafensch prend forme sur le site du haut-fourneau U4, converti en œuvre d’art et en lieu de mémoire. Ce vestige gigantesque abritera d’ici à 2015 des équipements de pointe qui mobiliseront 50 millions d’euros. Effet d’annonce oblige, les services de la préfecture se montrent peu diserts quant à la nature des six projets de recherche en gestation. Premiers partenaires privés de Métafensch, les représentants de Safran, Derichebourg, Eramet et Asco Industrie détailleront leur engagement à l’occasion de la visite présidentielle. ArcelorMittal, qui détient un centre de recherche-développement de pointe à Maizières-les-Metz, devrait également utiliser les services de Métafensch.
François Hollande aura plus de mal à vanter le succès du Pacte Lorraine annoncé par Jean-Marc Ayrault en juin 2013 dans la foulée de l’après-Florange. Ce dispositif qui doit mobiliser 300 millions d’euros répartis à parts égales entre l’Etat et la Région connaît des ratés depuis son démarrage. Le conseil économique, social et environnemental de Lorraine, qui évalue à 1,07 milliard d’euro l’investissement global réalisé en Lorraine en 2014, ne décompte que 14 investissements – sur un total de 241 – ayant bénéficié d’aides publiques au titre du Pacte, pour un montant de 74 millions d’euros. La gouvernance « simple et réactive » promise par l’ancien Premier ministre n’est pas au rendez-vous et les chefs d’entreprises se plaignent de la lenteur du traitement des dossiers et du versement des sommes consenties.
Le problème ne réside pas dans le financement, mais dans la capacité à mobiliser les 1 500 entreprises lorraines actives dans l’innovation. Il a fallu du temps pour constituer un vrai guichet d’accueil et impliquer les branches professionnelles dans les projets du Pacte. On ne fait pas émerger du jour au lendemain une nouvelle génération d’entreprises.
Roger Cayzelle, président du Conseil économique, social et environnemental de Lorraine
Le pacte Lorraine compte parmi ses priorités le décollage d’une filière aéronautique régionale. Le dispositif a entre autres contribué à mener à bien le projet Safran de Commercy, qui emploie déjà une centaine de salariés et mobilisera un investissement de 90 millions d’euros pour 400 emplois d’ici à 2017. Attendu dans la Meuse, François Hollande ne manquera pas de saluer ce décollage.
--Télécharger l'article en PDF --