L’Etat a promis de délocaliser 1 500 postes pour compenser les suppressions d’emplois consécutives aux restructurations de 2008.
Venu présenter ses voeux aux travailleurs de la Saint-Sylvestre à Metz le 1erjanvier, Nicolas Sarkozy s’est gardé d’aborder le thème des restructurations militaires qui prennent, dans la ville mosellane de 124 000 habitants, une tournure orageuse. En 2008, l’exécutif avait promis de créer en trois ans 1 500 emplois publics afin de compenser la suppression de 2 500 postes engendrée par le plan de modernisation de la défense.
L’Ecole vétérinaire recalée
Mais en octobre dernier, le ministère de l’Agriculture a confirmé l’abandon du projet d’implantation d’une école vétérinaire sur le site de l’ancienne base aérienne 128 à Metz-Frescaty, qui perdra ses derniers occupants cet été.
C’est un vrai crève-coeur que de laisser inutilisée cette base fraîchement rénovée qui comporte un amphithéâtre, des infrastructures d’hébergement et des terrains agricoles immédiatement disponibles. Je ne renonce pas au projet qui permettrait de mettre la base à l’abri des pirates et des dégradations.
Dominique Gros, maire (PS)
La municipalité entend, ces prochains mois, profiter de la campagne présidentielle pour relancer le dossier. L’Etat souffle le chaud et le froid. Il a gelé le démantèlement des installations sur la base pour une durée d’un an. D’ici à février prochain, l’établissement public foncier (EPF) de Lorraine et Metz métropole auront lancé les appels d’offres d’une étude visant à assurer le développement du site à long terme.
Au 1erjanvier 2013, Metz métropole prendra possession pour un euro symbolique de ce complexe de 385 ha, dont 170 000 m2de surface hors oeuvre nette (Shon).
Compte tenu des coûts de gestion et de l’état réel du site, il ne s’agit vraiment pas d’un cadeau.
Stéphane Gérard, responsable du pôle « planification territoriale et cohésion sociale » à Metz métropole
Les douanes en guise de plan B
Promise dans le cadre des compensations, l’implantation de l’Insee à Metz s’engage également sous de mauvais auspices. La municipalité, qui souhaitait installer dès cette année 625 fonctionnaires dans des locaux neufs dans le quartier de l’Amphithéâtre, a dû se rabattre sur une solution immobilière complexe et coûteuse. Les statisticiens s’implanteront donc dans l’ancienne direction régionale de la SNCF, dont la rénovation demandera au moins trois ans. La délocalisation s’effectue pour l’heure dans des locaux provisoires qui accueilleront 180 agents d’ici à la fin de l’année.
L’Etat a annoncé en septembre l’implantation à Metz d’un nouveau service des douanes et affirme avoir atteint, et même dépassé, l’objectif de 1 500 emplois publics délocalisés entre 2011 et 2015. La municipalité ne conteste pas ces chiffres, mais ne dénombre aujourd’hui que 150 délocalisations concrétisées.
« Plusieurs exemples de reconversion réussie en Lorraine »
La désaffection de la base aérienne 128 de Metz constitue certes une contrainte pour la commune. Mais le site comporte tout de même 83 000 m2de constructions en bon état. La base aérienne offre des perspectives de réutilisation à court, moyen et long terme et bénéficie d’un positionnement intéressant en direction de Nancy. La Lorraine compte d’ailleurs plusieurs exemples de reconversion militaire réussie, en particulier en centre-ville. Ainsi, Nancy (Meurthe-et-Moselle) s’est réapproprié les anciennes casernes Blandin pour y implanter le complexe universitaire Artem. Epinal (Vosges) a transformé la caserne de la Manutention en bâtiment communal. A Metz, la caserne Bridoux accueille aujourd’hui des étudiants et le complexe militaire du boulevard de Trèves s’est transformé en zone d’activités tertiaires et commerciales.
L'expert - Jean-Christophe Courtin, directeur général adjoint de l'établissement public foncier de Lorraine
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