Ex-prof de maths, triple médaillée d’or du conservatoire d’arts dramatiques de Metz et chevalier des Arts et Lettres, Fabienne Lorong dirige depuis 2016 le Carreau-Scène nationale de Forbach et de l’Est mosellan. Depuis 20 ans, l’institution fait découvrir aux publics sarrois et est-mosellan des artistes de renommée internationale.
Le Carreau propose jusqu’à ce vendredi une offre groupée permettant de découvrir, pour le prix d’un seul billet, les spectacles « Je danse parce que je me méfie des mots » et « Amour et Psyché » (1). Pourquoi ce choix ?
Il s’agit à mon sens de deux œuvres essentielles qui se complètent et se rejoignent. Le spectacle de Kaori Ito, que j’ai découvert la Biennale de Lyon, met en scène la chorégraphe japonaise et son père. Exprimant une grande fragilité, la proposition pourrait faire peur. Il est d’autant plus important de souligner l’intérêt de ce spectacle. Kaori Ito rappelle de manière simple et claire que lorsque l’on vit ailleurs que dans son pays d’origine, nos racines nous rattrapent, mais aussi qu’il faut quitter sa famille pour se réaliser. Dans sa pièce Amour et Psyché, Omar Porra, metteur en scène suisse d’origine colombienne, aborde une autre thématique forte. Présentée sous forme de conte, cette histoire d’amour impossible entre un dieu et une mortelle évoque également la nécessité de s’éloigner de ses proches pour s’accomplir. La scénographie en clair-obscur, très dépouillée, de « Je danse parce que je me méfie des mots » contraste avec les costumes et décors luxuriants de la pièce « Amour et Psyché ».
Les deux spectacles répondent pleinement à l’objectif du Carreau, qui consiste à proposer à l’espace frontalier sarro-mosellan une programmation pluridisciplinaire de niveau national et international.
Comment parvenez-vous à surmonter la barrière de la langue ?
Je veille à ce que nos spectacles soient accessibles au public français et allemand. Chaque fois que je vais voir un une pièce, je me mets à la place d’un spectateur allemand qui ne comprend pas le français. Je ne retiens que les textes qui supporteront la traduction. Nous nous sommes assurés du concours d’Uli Menke, un traducteur précieux qui sait synthétiser les textes et préserver leur rythme.
Le festival Primeurs permet de partager les pièces des auteurs de théâtre francophone avec le public allemand. Un jury composé de SR2 Kultur Radio, du Théâtre national de la Sarre, de l’Institut Français de Sarrebruck et du Carreau sélectionne six pièces qui sont présentées à Forbach et à Sarrebruck. Le festival Loostik, qui s’adresse au jeune public, privilégie les spectacles immédiatement accessibles. Le Carreau propose également des ateliers artistiques bilingues dans les lycées, les collèges et les écoles primaires tout au long de l’année.
Quelles coopérations avez-vous instaurées avec vos partenaires sarrois ?
Nous pratiquons avec le théâtre national de la Sarre un échange de spectateurs. A chaque saison, nous proposons aux abonnés du Carreau d’assister à des tarifs préférentiels à deux opéras joués à Sarrebruck. Nous affrétons des bus, empruntés en moyenne par une centaine de spectateurs à chaque spectacle. Le théâtre national de la Sarre propose également des spectacles à Forbach, mais l’offre rencontre moins de succès. Certains spectacles de Loostik sont proposés au théâtre pour jeune public Uberzwerg de Sarrebruck et pourraient être présentés au théâtre de Sarrelouis lors des prochaines éditions.
La création de la Région Grand Est vous semble-t-elle avoir élargi les coopérations culturelles transfrontalières ?
La création du Grand Est renforce des réseaux qui, pour la plupart d’entre eux, existaient déjà. L’association Quint’Est, qui regroupe des responsables d’établissements d’arts vivants de cinq régions (Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine et Bourgogne-Franche-Comté) s’ouvre à la Suisse et aux réseaux groupe des 20 en Ile-de-France et en Rhône-Alpes.
Les liens se renforcent également dans les réseaux jeune public. Dans le cadre de mes précédentes fonctions de directrice du centre culturel Pablo Picasso à Homécourt (Meurthe-et-Moselle), je coordonnais la plateforme lorraine pour la Belle Saison, qui rassemble désormais les acteurs de culturels du Grand Est, du Luxembourg et d’Allemagne. Le réseau Grand Est, qui travaille sur la diversité culturelle apportée par l’immigration, s’est ouverte au réseau jeune public luxembourgeois et des rapprochements sont en cours avec l’Allemagne.
Propos recueillis par Pascale Braun
(1) Toute place achetée pour Je danse parce que je me méfie des mots de la chorégraphe Kaori Ito donne droit à une place offerte pour la pièce Amour et Psyché d’Omar Porras, et inversement.
Contact : billetterie du Carreau, 03 87 84 64 34. Mot de passe : Curieux. Offre valable jusqu’au samedi 10 février 2018.
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Bonjour, je suis une vieille amie de Fabienne Lorong et j’aimerais la revoir. Je vous remercie de bien vouloir lui transmettre mes amitiés.
Elle peut aussi me joindre par téléphone au 00 31 626 326 088