Alors que l’avant-dernier puits de charbon vient de fermer, le bassin houiller de Lorraine entre dans une nouvelle phase de développement.
Cérémonies et hommages aux mineurs se sont multipliés alors que le puits de Merlebach (Moselle), exploité par les Houillères du bassin de Lorraine (HBL) vient de connaître sa dernière extraction de charbon. En avril prochain, ce sera au tour du puits de la Houve, à Creutzwald, de fermer. L’Est mosellan aura alors définitivement tourné la page de 150 ans de mono-industrie. La reconversion a été préparée depuis plus de trente ans.
Née à la fin des années 60, la Société de financement pour la réindustrialisation des régions minières (Sofirem) a amorcé l’implantation de nouvelles entreprises dès 1973. Cette première étape de la reconversion, notamment marquée par l’implantation du chauffagiste Viessmann, du fabricant de pneus Continental et des pompes hydrauliques Grundfos, a créé quelque 10.000 emplois.
Travail frontalier
Après un fugace espoir de relance charbonnière, Charbonnages de France, les pouvoirs publics et les collectivités locales lancent la deuxième phase de la reconversion dans un contexte nettement moins favorable que celui des années 70. En vingt ans, le Fonds d’industrialisation du bassin minier (FIBH) et la Sofirem ont injecté quelque 280 millions d’euros dans l’économie locale. Aujourd’hui, le bilan de la mission industrialisation des HBL fait état de 550 entreprises aidées et 16.000 emplois pérennes créés. Sur le plan social, le congé charbonnier de fin de carrière (CCFC), lancé en 1994, permet aux agents de quitter l’entreprise à 45 ans, après 25 ans d’activité, moyennant 80 % de leur salaire. Le travail frontalier, qui concerne 14.000 habitants du bassin, contribue également à amortir l’impact social de la disparition des houillères.
L’Est mosellan a conjuré le spectre de la désertification et enregistre quelques beaux succès récents, telles l’arrivée en 1999 du britannique Pilkington, qui a investi 152 millions d’euros dans son usine de verre de Freyming-Merlebach, ou encore l’implantation de Sonopresse, filiale de Bertelsmann spécialisée dans la fabrication de CD audio, qui a créé 140 emplois en 2001 et programme une nouvelle extension à Forbach.
Peur des délocalisations
Créée en début d’année sous l’égide de cinq des six communautés d’agglomérations du bassin, l’Agence de développement économique succédera à la mission industrialisation des HBL. Et elle aura du pain sur la planche. L’Allemagne reporte aujourd’hui ses investissements en Europe de l’Est et le bassin houiller redoute les délocalisations, à l’instar des autres régions françaises.
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