Commercy accélère sa transition vers la société post-carbone en s’appuyant sur une société coopérative d’intérêt collectif : la Savecom signera des contrats de performance énergétique avec des propriétaires occupants engagés dans des rénovations thermiques.
La Société pour l’avenir énergétique de Commercy (Savecom) s’est constituée fin février dans cette sous-préfecture de 6 200 habitants. La société coopérative d’intérêt collectif, qui compte actuellement trois salariés, se propose de transposer au sein de la communauté de communes de Commercy un modèle énergétique importé du Vorarlberg, haut-lieu autrichien de l’habitat passif.
Olivier Guckert, adjoint au maire de Commercy, a pris la présidence de la structure soutenue par EDF dans le cadre des mesures d’accompagnement du projet de stockage de déchets hautement radioactifs à Bure. A travers sa filiale d’investissement Safidi, l’énergéticien national apporte 100 000 euros sur un capital de 166 000, auquel contribuent également la ville, la communauté de communes de Commercy, cinq professionnels meusiens du BTP et l’entreprise autrichienne Drexel, spécialiste de la ventilation et de la climatisation dans les maisons passives. Deux autres actionnaires complèteront le tour de table en avril : la Société d’investissement France active, acteur majeur de l’économie sociale, et le conseil général de la Meuse.
Rembourser la différence
Au Vorarlberg, on sait rénover un bâtiment pour ramener sa consommation à 15 kWh/m2.an, soit vingt fois moins que la moyenne lorraine. Cette réussite repose à la fois sur vingt ans d’expérience technique, sur un travail en réseau associant architectes, élus et organismes financeurs et sur la volonté de valoriser collectivement le territoire. L’expérimentation que nous lançons pour une durée de deux ans s’adresse en priorité aux propriétaires-occupants qui n’accèdent pas aux économies d’énergie.
Jacques Faivres, directeur général de la Savecom
Intervenant exclusivement sur l’isolation et la ventilation-climatisation, Savecom prévoit 15 réhabilitations dès la première année, puis 35 en 2013, en vue d’un retour d’expérience sur 50 habitations. L’entreprise proposera aux particuliers un audit thermique, puis établira un contrat de performance énergétique assorti d’un engagement sur le résultat. L’entreprise remboursera au maître d’ouvrage la différence entre économies constatées et garanties contractuelles. Etablie en fonction des températures extérieures, la performance escomptée se situe à 80 kWh/m2.an pour une température du logement comprise entre 19 et 21°C.
Vigie thermique intégrée
Dans chaque habitation, la coopérative implantera un capteur de calories dénommé Savecom Vision, couplé aux températures extérieures et intérieures, ainsi qu’un compteur de CO2. Dans la pièce principale, un voyant vert indiquera des consommations maîtrisées. Un voyant rouge signalera les dépassements tout en transmettant une alerte aux opérateurs de Savecom. Ces derniers seront ainsi informés en temps réel d’une fenêtre laissée ouverte ou d’un chauffage poussé trop fort.
L’audit thermique détermine une évaluation des coûts de la réhabilitation selon un ratio équilibré entre investissement et amortissement. Le bureau d’études de Savecom déterminera les travaux et diffusera ses devis le plus largement possible auprès des artisans meusiens présentant les certifications requises.
Cette initiative sans précédent garantit du travail aux entreprises qui se sont formées à la construction durable et contribuera à élever le niveau général de qualification.
Jean-Paul Lhéritier, président du groupement Coremat
Associant huit entreprises artisanales du sud meusien, la structure représente tous les corps de métier et totalise 150 salariés.
Inscrit dans le programme de lutte contre l’habitat indigne conduit par le Centre meusien d’amélioration du logement, l’initiative devrait contribuer à une vingtaine de créations d’emploi dans le bâtiment.
Je ne suis pas dupe de la démarche d’EDF, qui s’acquitte ainsi des contreparties qui lui sont imposées. Il ne faut pas négliger l’intérêt du programme pour autant. Nous engageons la construction d’un écoquartier et avons tout intérêt à développer l’écoconstruction.
Bernard Muller, maire de Commercy, qui en résume l’enjeu
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