En Moselle, un sidérurgiste indien peut en cacher un autre. Vivant à l’ombre d’ArcelorMittal, Tata Steel a investi près de 50 millions d’euros en trois ans sur son site mosellan pour produire, puis traiter thermiquement des rails de grande longueur. Ce qui n’est pas le cas de son rival indien.
En Moselle, il y a un sidérurgiste indien, qui inquiète, et un autre, qui investit. C’est toute la différence entre ArcelorMittal, qui temporise depuis des mois pour lancer le projet Ulcos à Florange, et Tata Seel, qui développe son site à Hayange, seulement distant. de 7 kms de Florange. Un an après avoir inauguré sa nouvelle unité de production de rails qui a coûté 35 millions d’euros sur son site mosellan, le groupe indien lance un nouvel investissement de 12 millions d’euros dans une ligne de traitement thermique de ses rails de grande longueur. Un projet qui n’était d’ailleurs pas programmé lors de l’inauguration, en septembre 2011.
Tata Steel investit dans deux halles de parachèvement construites pour produire des rails d’une longueur – inégalée en France – de 108 m. En portant ses capacités de traitement thermique à 120.000 tonnes par an, le site de 400 salariés répond à une demande accrue de matériaux haut de gamme. Le procédé breveté mis au point par les équipes de recherche-développement de Hayange consiste à faire circuler les rails dans un four à induction porté à 950 degrés, puis à le refroidir rapidement à l’aide d’air comprimé. L’acier ainsi traité présente une résistance jusqu’à trois fois supérieure à celle d’un rail classique.
Le site de Hayange traitait déjà des rails de 36 mètres de longueur. Le nouvel investissement nous permettra de proposer des rails traités de grande longueur lors des renouvellements de voies prévus dans les pays voisins
David Walker, ingénieur et chef du projet
Une production de 300.000 tonnes par an
Tata Steel a décidé de produire des rails de grande longueur à Hayange en 2010 suite au contrat de 350 millions conclu avec Réseau ferré de France pour le renouvellement et la maintenance des voies. Le groupe a depuis remporté la fourniture de 84.000 tonnes de rails destinés à la future LGV Sud Europe Atlantique (302 kilomètres entre Tours et Bordeaux). Le site mosellan écoule aujourd’hui sa production annuelle de 300.000 tonnes à parts égales entre la France, l’Europe et le grand export.
La ligne thermique permettra de traiter non seulement des rails de grande longueur difficilement transportables, mais aussi des tronçons plus courts. Tata Steel développe cette nouvelle gamme sur des marchés existants au Brésil, au Gabon, en Mauritanie et en Afrique du sud, où des charges à l’essieu sont plus lourdes. Le rail renforcé s’adapte également aux circulations denses des métros de Hong Kong, de Singapour et des métropoles indiennes.
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