Depuis le 1er mars, 16.000 travailleurs frontaliers mosellans se heurtent au mur sanitaire érigé par Berlin. Si le délai de 72 heures entre deux tests PPCR – contre 24 heures initialement prévues – semble considéré par Paris comme un succès diplomatique, l’espace Sarre-Moselle se trouve une nouvelle fois désemparé face à la résurgence de frontières que la population croyait abolie.
Le gouvernement sarrois compte mettre à disposition des entreprises 50.000 tests auxquels ils pourront soumettre leurs salariés français. Dix mille d’entre eux devraient être prochainement disponibles, mais début mars, l’heure est à la pagaille. Côté français, pharmacies et laboratoires sont pris d’assaut. En Sarre, les frontaliers devraient débourser 40 euros pour se faire tester. Certains gros employeurs sarrois tels ZF ou Ford organisent des dépistages gratuits sur leurs parkings. Mais les employés des hôpitaux, les femmes de ménages ou les employés de supermarchés sont invités à se débrouiller par leurs propres moyens, alors même que le couvre-feu imposé à 18 heures côté français complique encore l’accès aux test.
Casse-tête
Au-delà des casse-tête logistiques, la mesure heurte des frontaliers – travailleurs ou non – encore traumatisés par le rejet et la stigmatisation vécus au début du premier confinement de mars 2020. Au cours des dernières décennies, les autorités régionales et les fonds européens avaient encouragé les mesures de formation, d’alternances et d’échanges professionnels transfrontaliers. Preuve est à nouveau faite que des années d’efforts peuvent être remises en question en quelques jours, pour une efficacité sanitaire toujours sujette à caution.
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