A Verdun, Ineos se tourne vers le marché de l’huile alimentaire pour compenser le recul des biocarburants. Les agriculteurs lorrains défendent le colza tant comme culture de rotation que pour nourrir le bétail.
Voilà dix ans, Ineos et la coopérative agricole EMC2 inauguraient en plein champ un investissement de 90 millions d’euros pour ancrer à Baleycourt une usine dédiée à la fois aux biocarburants et à la nutrition animale. Depuis, la France et l’Europe ont progressivement retiré leur soutien au biodiesel. L’usine meusienne s’en trouve affectée, mais son modèle de filière courte perdure.
Champlor Ineos compte 140 salariés et traite annuellement 350.000 tonnes de colza, dont sont extraites 150.000 tonnes d’huile et 200.000 tonnes de tourteau. Le volume de colza traité a baissé de 50.000 tonnes en deux ans et l’usine a arrêté l’une de ses deux lignes de biodiesel. Mais elle a consacré 5 millions d’euros à de nouveaux outils de raffinage qui lui permettent aujourd’hui d’écouler les deux tiers de son huile sur le marché alimentaire.
Energie pénalisée, protéines ignorées
Il existe dès aujourd’hui des débouchés dans l’huile alimentaire et il y en aura demain dans la chimie verte et les protéines. Mais la culture du colza est menacée à court terme par le manque de pragmatisme et de coordination entre les politiques tant françaises qu’européennes : le plan énergie le pénalise et le plan protéines l’ignore.
Christophe Sussat, PDG de Champlor
Pour l’heure, l’industriel entrevoit dans des dispositifs fiscaux – qui restent à inventer – la possibilité de différencier l’origine des biocarburants pour avantager les produits extraits du colza.
Voilà dix ans, la filière agricole a répondu au plan biocarburant, mais elle y trouve aujourd’hui un avantage encore plus important en matière de nutrition animale. La Meuse est le principal bassin de production de l’AOC brie de Meaux et les éleveurs sont aujourd’hui demandeurs de tourteaux traçables et de proximité.
Philippe Mangin, dirigeant d’EMC2 et conseiller régional du Grand Est
Certes, les qualités nutritionnelles du colza et du tourteau sont différentes et leur cours fluctuant ne favorise pas systématiquement l’un ou l’autre des deux oléagineux. Confrontés à une menace sur la culture de colza tout entière, les agriculteurs pourraient renforcer leur engagement en faveur des filières courtes.
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