La convention mondiale de l’esport, qui s’ouvre ce week-end à Metz, réunit les adeptes d’une discipline en plein essor. Concentrés, stratèges et ouverts sur l’univers des milléniums, les joueurs présentent des compétences recherchées par les RH.
Passe-temps d’ado ou métier de jeune adulte ? Composante des jeux vidéo impliquant la confrontation entre plusieurs joueurs, l’esport, qui se pratique en ligne sur ordinateur ou à l’aide d’une console, en constitue en tout cas un marché en pleine croissance : le secteur affiche une progression annuelle de 36 % et des perspectives de chiffre d’affaires estimées à 3 milliards de dollars à l’horizon 2021. Des clubs de foot ou de rugby se rapprochent de leurs cadets électroniques et financent les premières équipes professionnelles d’esport. En France, une centaine de joueurs vivent ainsi de leur passion pour League of Legend, Fifa ou Fornite. Certains d’entre eux gagnent même très confortablement leur vie : le français Sébastien Debs a remporté fin août la huitième édition du tournoi international de Data 2, doté de 25 millions de dollars.
Comme les sports classiques, l’e-sport est pratiqué à 95 % par des amateurs. Mais le secteur se professionnalise et fait appel à des compétences spécifiques relevant de nombreux métiers : les organisateurs de tournoi font aujourd’hui appel à des graphistes, des community manager, des commentateurs professionnels ou des journalistes.
Julien Brochet, directeur de l’esport World Convention
La manifestation se tiendra les 8 et 9 septembre à Metz à l’occasion de la séance inaugurale du centre des congrès Robert Schuman. Organisateur de l’événement, le groupe Webedia, leader du loisir online, emploie à lui-seul une centaine de salariés.
Concentration et esprit d’équipe
Outre les sociétés spécialisées, les entreprises classiques sont susceptibles de s’intéresser aux compétiteurs de jeux vidéo pour mettre à profit leurs compétences intrinsèques. Les recruteurs les plus avisés savent que cette passion, loin de dénoter systématiquement l’oisiveté, suppose des qualités de dextérité motrice, de concentration et d’esprit d’équipe.
J’espère que les RH sauront bientôt reconnaître le sens de la stratégie et la rapidité d’analyse nécessaires en esport sont un gage d’employabilité. Le joueur représente également une force de proposition tant en interne qu’à l’externe. Certaines entreprises organisent des compétitions pour motiver leurs équipes, d’autres s’en servent pour séduire le public des milléniums.
Boris Stakrn, cofondateur et président de la société Starkn, spécialisée dans le conseil, la stratégie et la communication en esport
Responsable de la formation et de la professionnalisation de la filière à l’association France esport, l’enseignant intervient également dans le MBA Sport business gaming & esport proposé par l’ISG.
Une trentaine d’écoles inscrivent désormais à leur cursus des modules liés à l’esport, qui mobilise des compétences à la fois multiples et pointues. Ce jeune secteur d’activité recrute non seulement des community managers ou des vidéastes, mais aussi des gestionnaires des partenariats et du sponsoring, des experts en droit à l’image, des techniciens réseaux ou des organisateurs d’événements.
Une poignée d’écoles se sont même spécialisées exclusivement sur ce secteur. La société mosellane Aux Frontières du Pixel, organisatrices de circuits et d’événements esport, a ouvert voici un an la Helios Gaming School, qui a accueilli dès sa première promotion 24 jeunes adultes dans son internat de Freyming-Merlebach. L’école privée ouvre cette rentrée deux formations dédiées aux métiers de l’esport. La première, accessible au niveau bac, vise une spécialisation dans l’organisation d’événements et le community management. La seconde, proposée en alternance au niveau Bac + 2, débouche sur un diplôme de responsable marketing opérationnel. Membre de l’association France esports, Aux Frontières du Pixel s’implique avec d’autres acteurs du secteur dans le déploiement d’une offre de formation continue.
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