La région Alsace a présenté le 24 avril dernier le bilan de cinq ans de formations professionnelles franco-allemandes. Les 800 candidats alsaciens ont presque tous trouvé un emploi, mais ce nombre reste faible au regard des besoins de main d’oeuvre actuels et futurs du Bade-Wurtemberg.
Cheville ouvrière de la formation professionnelle franco-allemande, la région Alsace a classé les parcours des 800 candidats accueillis en cinq ans en quatre catégories. Suivi par 320 personnes, « Allemand pro » dispense des cours de langue adaptés au quotidien et au secteur d’activité dans lequel postule le candidat. La formation professionnelle propose soit une double qualification française et allemande, soit un dispositif d’alternance propre à l’Allemagne, le WeGeBAU. Suivie par 350 personnes depuis 2010, elle s’adresse aux métiers en tension outre-Rhin dont les électriciens, installateurs chauffage-climatisation-sanitaire-énergies renouvelables, soudeurs, cuisiniers… Son principal opérateur, l’Afpa, propose trois types de parcours, dont l’un cible des postes basés en Alsace et requérant une bonne maîtrise de l’allemand.
Une petite offre pour de gros besoins
Instauré en septembre 2013, l’apprentissage franco-allemand n’a pas rencontré le succès espéré. Visant à aplanir certains obstacles juridiques, son principe consiste en une formation théorique dans un centre de formation d’apprentis côté français, puis un stage pratique outre-Rhin, selon un contrat de travail de droit allemand. La Région, qui espérait environ 1 000 contrats, n’en a enregistré que 130.
Toutes catégories confondues, la quasi-totalité des formations a débouché sur un emploi, mais le conseil régional espère parvenir à une meilleure adéquation entre la formation des demandeurs d’emploi alsaciens et les besoins des employeurs allemands. Les entreprises alsaciennes peinent également à recruter, mais l’essentiel de l’offre se trouve dans le Bade-Wurtemberg, qui manquera de 200 000 salariés qualifiés d’ici à 2030.
Les entreprises allemandes préfèrent maîtriser le processus de formation. Nous devons donc les associer plus en amont et mieux identifier leurs besoins. C’est l’une de nos difficultés. L’autre, c’est de trouver les candidats motivés, mobiles, qui puissent maîtriser la langue. Le dispositif n’est pas assez connu en Alsace même.
Martine Calderoli-Lotz, vice-présidente de la Région Alsace pour la formation professionnelle
Demandeuses, les entreprises allemandes semblent faire preuve vis-à-vis des candidats alsaciens de plus d’égards que les employeurs français.
Chômeur de longue durée, je m’entendais dire que j’étais trop vieux. Cela a été un choc. Ici, de l’autre côté de la frontière, je revis.
André Vonthron, stagiaire dans l’entreprise de verre Schott à Müllheim (Bade-Wurtemberg)
Ancien ouvrier du textile, Philippe Jaekel apprend à 54 ans, le métier d’aide-cuisinier. Lui aussi estime avoir obtenu auprès des entreprises allemandes une attention dont il n’avait plus l’habitude en France.
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