Génératrices de développement économique et d’économies d’énergie, l’écoconstruction et l’éco-réhabilitation sont également porteuses d’emploi et d’insertion. Le programme Européen Ecotransfaire a comparé les dispositifs d’accompagnement des personnes éloignées de l’emploi au Luxembourg, en Wallonie et en Meurthe-et-Moselle et prône la constitution d’un guichet unique pour mutualiser les expériences les plus convaincantes.
Une centaine de participants ont assisté le 19 juin 2015 à la restitution du projet européen Ecotransfaire organisée au Luxembourg Institute of Science & Technology (List) de Luxembourg. Dédié à la promotion de l’écoconstruction dans un territoire transfrontalier incluant le Luxembourg, la Wallonie et la Meurthe-et-Moselle, le programme s’est penché sur les dispositifs d’insertion professionnelle dans les trois pays et sur les besoins des employeurs du bâtiment.
Nous avons constaté une grande diversité des acteurs et des outils d’insertion, ainsi qu’une forte évolution des métiers. Le secteur de la rénovation constitue un immense gisement d’emplois existants et futurs. Les besoins en compétence augmentent : les plâtriers doivent intégrer des connaissances en ventilation, les peintres évoluent vers les métiers de façadiers et d’itéistes et de nouveaux métiers se profilent dans la déconstruction et la gestion des déchets.
Sophie Lewandowski, chargée territoriale d’économie solidaire au conseil départemental de Meurthe-et-Moselle et référente Insertion du projet Ecotransfaire
Au Luxembourg, l’Institut de formation sectoriel du bâtiment (ISFB) a mis en place une formation spécifique d’un an destinée aux ouvriers de la construction inscrits à l’Adem (équivalent grand-ducal de Pôle emploi). Sur 150 inscrits, 85 personnes ont obtenu un diplôme sectoriel et la moitié d’entre eux ont trouvé un emploi dès l’issue de la formation.
Tous les métiers manquent de bras et des besoins s’annoncent en matière de ventilation, d’isolation et de calfeutrement.
Marcel Deravet, chef du département Formation Construction à l’IFSB
En Wallonie, l’association Le Trusquin a proposé à des personnes très peu formées, voire faiblement alphabétisées, une formation qualifiante de 18 mois dont les résultats se sont avérés très probants.
Nous avons axé la formation sur des chantiers réels pour ne pas reproduire les mécanismes qui avaient conduit à l’échec scolaire. Une fois remis en confiance, ces stagiaires que l’on disait incapables ont montré qu’ils pouvaient devenir d’excellents praticiens.
Patrick Truccolo, directeur du Trusquin
La Meurthe-et-Moselle a assorti dès 2005 ses marchés publics de clauses d’insertion qui ont permis de créer 297 équivalent temps plein en 2013 parmi des demandeurs d’emplois bénéficiaires du RSA, personnes handicapées ou chômeurs âgés de moins de 26 ans.
Ce dispositif a permis à la Meurthe-et-Moselle de réaliser les deux tiers des heures d’insertions effectuées en Lorraine. Les clauses sociales sont très marginales en Belgique et au Luxembourg, mais une réflexion commune permettrait de définir des critères d’éligibilité pertinents et de constituer un tronc commun transfrontalier.
Isabel Duchêne, chargée de développement au conseil départemental de Meurthe-et-Moselle
Soutenu par les fonds européens Interreg V, Ecotransfaire sera vraisemblablement reconduit d’ici à la fin de l’année. Les réflexions du GIE intègrent d’ores et déjà la création de clauses sociales, l’instauration de formations préqualifiantes et qualifiantes et l’animation d’un guichet transfrontalier des métiers du bâtiment durable.
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