Pôle d’équilibre entre Nancy et Lunéville, Dombasle mise sur le programme de revitalisation des centres-bourgs pour rénover son centre et restaurer un habitat en grande partie édifié par le chimiste Solvay. Confirmée par le groupe en 2020, la modernisation de l’usine de carbonate de sodium constitue pour la commune ouvrière un gage de pérennité et d’attractivité.
Voici près de 150 ans, l’implantation du chimiste belge Solvay à Dombasle, au long du canal de la Marne au Rhin, a transformé un village rural en haut-lieu mondial de la production de carbonate de sodium. L’usine représente aujourd’hui encore un millier d’emplois, dont 500 emplois directs, et l’hypothèque que faisait peser la hausse prévisible des taxes sur les installations fonctionnant au charbon semble levée. Le groupe Solvay a annoncé en 2020 un investissement de 180 millions d’euros pour créer une chaufferie fonctionnant au CSR (combustible solide de récupération). Cette annonce garantit la continuité, pendant deux décennies au moins, d’une histoire qui a façonné l’essentiel de l’urbanisme de la ville. Dombasle doit à Solvay ses avenues cossues et ses cités ouvrières, ses voies ferrées, son stade, son gymnase ou sa piscine. La plupart de ses bâtiments publics constituent un héritage direct d’Etienne Solvay, qui fut à la fois chimiste, industriel, mécène et précurseur des œuvres sociales.
10.000 habitants
Plusieurs décennies d’histoire industrielle ont créé un état d’esprit particulier, marqué par un attachement profond des Dombaslois à leur ville.
David Fischer, maire de Dombasle
L’élu préside également la communauté de communes des pays du sel et du Vermois. Le bâti dombaslois a vieilli sans perdre son charme. La commune, qui atteint aujourd’hui les 10.000 habitants, mise sur le programme Centres Bourgs pour rafraîchir son patrimoine. Spécialisée dans la rénovation énergétique, l’association nancéienne Camel (collectif pour l’amélioration du logement) a accompagné la municipalité pour déployer d’ici à la fin de l’année ce programme national à l’échelle locale.
Notre philosophie consiste à densifier avant de s’étendre, en construisant dans les dents creuses et en rénovant l’existant. Les aides et les défiscalisations peuvent selon les postes, financer jusqu’à 80 % des projets retenus !
Philippe Belleville, adjoint à l’urbanisme
Le périmètre retenu se concentre sur les rues commerçantes Gabriel Péri et Matthieu de Dombasle et sur la partie basse de la ville.
Patrimoine inclassable
Sain et solide, le tissu commercial de la ville regroupe quatre supérettes, une douzaine de commerces alimentaires, une dizaine de boutiques d’habillement et un panel de services allant des banques au tatoueur, soit une cinquantaine de pas-de-porte de proximité. Les vitrines sont pimpantes et les commerces vacants ne le restent pas longtemps. Une centaine d’association témoigne de la vitalité de la ville et les cérémonies d’accueil des nouveaux habitants réunissaient, avant le Covid, une centaine de personnes par an. Les maisons ouvrières, pour la plupart âgées de plus d’un siècle, ne manquent pas d’attractivité : peu chères, conviviales et dotées de jardinets, elles plaisent aux primo-accédants qui y passent quelques années avant de la revendre – souvent, au terme de quelques transformations.
Il n’existe plus aucune rue identique à l’époque de sa construction. Ce patrimoine serait très difficile à classer, mais nous tenons à le protéger.
David Fischer
Le château du procureur
Les toutes premières cités ouvrières édifiées par Solvay ont été démolies dès la fin du XIXème siècle pour cause de vétusté ou à cause d’affaissements saliniers. Les grands programmes de reconstructions, toujours visibles, reflètent un paternalisme soucieux de hiérarchie. Le quartier du Stand, puis la cité Maroc, ont vu s’ériger plus de 600 logements au début du XXème siècle. Plus proches de la gare, les rues Estienne d’Orves, Albert Ier, Pierre Breton ou encore, la rue Particulière, ont été édifiées pour les dirigeants et pour les contremaîtres. Aujourd’hui encore, les maisons les plus cossues sont occupées par les dirigeants de l’usine. D’autres rues proches de la gare ont été construites pour les ouvriers. Devenue quasi-inhabitable, la cité Hanrez située rue Hélène (du nom de la fille d’Ernest Solvay) a été démolie. Mais une maison témoin a été préservée pour servir de décor au film « Une enfance », réalisée par l’écrivain et réalisateur dombaslois Philippe Claudel. L’auteur, qui réside toujours dans sa ville natale, a par ailleurs situé dans le casino de Solvay le château du procureur héros de son livre « Les âmes grises », prix Renaudot 2003.
Extensions
Si prégnante soit-elle, la présence de Solvay ne constitue pas l’unique atout de Dombasle. Bien desservie par l’autoroute et par le train, la ville joue un rôle de pôle d’équilibre à équidistance de Lunéville et de Nancy. Les zones d’activité du Saulcy et des Sables ont diversifié le tissu économique et renforcé l’attractivité de la ville. Les nombreuses zones inondables et les zone d’aléas miniers limitent néanmoins le potentiel constructible. Des extensions sont envisagées avenue des Vosges, à proximité de la gare de Rosières, ou à l’entrée nord-est de la ville. Dombasle se focalise pour l’heure sur l’embellissement de son enceinte et sur sa jeunesse : à l’ouverture imminente d’une crèche et d’une nouvelle école doit succéder la création d’un centre de loisirs et d’un pôle musical et culturel.
--Télécharger l'article en PDF --
Poster un commentaire