Entre la fin avril et la fin mai, deux édifices majeurs de l’agglomération messine retrouvent une nouvelle jeunesse, après avoir mobilisé le savoir-faire des entreprises régionales du patrimoine.
Nouvelle couverture pour Saint-Eucaire
Peut-être les générations futures se pencheront-elles un jour avec perplexité sur un parchemin datant du XXIème siècle dissimulé dans le toit de l’église Saint-Eucaire, à Metz. Patrick Thil, adjoint au maire chargé des affaires culturelles et cultuelles, a accroché le document inséré dans un tube de cuivre à un épi de faîtage, lors d’une visite explicative marquant la fin de la première phase des travaux, le 21 avril dernier. Le parchemin recense les maîtres d’ouvrages et maîtres d’oeuvre du chantier engagé en 2002 sous l’égide des Monuments historiques pour restaurer les transepts nord et sud de l’édifice bâti entre le XIIème et le XVème siècle.
Sur le transept sud, les travaux ont permis de détecter les empreintes en négatif des chevrons datant du XIVème siècle. Nous avons ainsi pu confirmer l’hypothèse d’une charpente à chevrons formant ferme.
Christophe Bottineau, architecte en chef des Monuments historiques
L’Etat consacre chaque année 4 à 5 millions d’euros à la restauration de monuments en Lorraine. Nous expérimentons de nouvelles règles consistant à accorder aux collectivités locales des subventions pour maîtrise d’ouvrage. Saint-Eucaire, qui compte parmi les plus belles églises de Metz, préfigure de manière exemplaire ces nouvelles règles.
Bernard Hagelsteen, préfet de la région Lorraine
Nouvelle vocation pour Courcelles
La maîtrise d’ouvrage municipale s’est aussi affirmée à Montigny-lès-Metz, pour la restauration du château construit au XVIIème siècle par la famille Baudinet de Courcelles. Implanté au coeur d’un parc de 3 hectares agrémenté de statues, de bassins et d’arbres centenaires, le bâtiment a vaillamment résisté au poids de ses trois siècles, dont quarante ans de déshérence totale.
La vingtaine d’artisans qui restaurent l’édifice depuis octobre 2003 font preuve d’une remarquable implication pour préserver l’authenticité des lieux.
Jean-Marie Henner, directeur des services techniques, de l’architecture et de l’urbanisme de Montigny
Après son inauguration prévue le 27 mai prochain, le château adjacent à l’espace culturel Europa accueillera des congrès, séminaires et manifestations culturelles, dans un espace de 150 mètres carrés en rez-de-chaussée et 210 mètres carrés à l’étage. Inauguré fin 2003, son pavillon de garde abrite d’ores et déjà le syndicat intercommunal à vocation touristique du pays messin.
Petit en taille, mais grand par sa conception, ce château a toujours constitué un lieu de réception spectaculaire, lumineux et attachant.
Christian François, architecte
Des archives notariales témoignent dès la fin du XVIIIème siècle de l’existence de grands carreaux, d’embrasements en gypse et de vastes miroirs. Le bas-rhinois Eschlimann a dégagé les boiseries du grand salon représentant des pots à feu en relief. Traitées à la caséine – liant à base de lait – les couches picturales ont retrouvé leur note satinée.
Ascenseur contemporain
Respectueux des raffinements de l’époque, le chantier a néanmoins intégré un ascenseur panoramique contemporain, en verre et acier.
Il est toujours possible d’intégrer un élément anachronique dans un ensemble bien conçu.
Gérard Defrance, PDG des Métallliers lorrains
Entre architecture moderne et bâtiment du XVIIIème siècle, le mariage a fonctionné.
Christian Hornberger, chef du secteur Monuments historique de Chanzy Pardoux
Sans doute l’art de vivre n’a-t-il pas d’âge.
Fiches techniques
Saint Eucaire
- Maître d’ouvrage : ville de Metz
- Maître d’œuvre : Christophe Bottineau, architecte en chef des Monuments historiques
- Entreprises : Lebras Frères (couverture, chapente), Chanzy Pardoux (pierre)
- Montant des travaux : 900 000 euros, dont 60 % pour l’Etat et 40 % pour la ville.
Château de Courcelles
- Maître d’ouvrage : ville de Montigny-les-Metz, assistée par AEE et Sodevam
- Maître d’oeuvre : Christian François et Patricia Henrion
- Entreprises : Eugène Bour (gros oeuvre), Chanzy Pardoux (pierres, enduits, marbrerie, zinguerie, étanchéité), Métalliers lorrains (métallerie), Werey (plâtre), Eschlimann (peinture).
- Montant des travaux : 1,3 million d’euros, dont 50 % pour la ville et 50 % pour le conseil général de la Moselle.
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