Le projet de desserte présenté en septembre dernier par la direction régionale lorraine de la SNCF consterne les élus du Sillon lorrain. S’estimant bridé dans son développement tant vers l’est de l’Europe que vers le sud de la France, le pôle métropolitain en appelle au Sommet de la Grande Région et au conseil de l’Europe.
Le Sillon lorrain a consacré une large part de son conseil syndical du 9 novembre 2015 au sujet épineux des dessertes ferroviaires transfrontalières et nationales. Le courrier adressé le 1er septembre dernier par Jacques Weill, directeur régional Lorraine de la SNCF, indispose doublement les élus, qui y voient une entrave au développement du Sillon tant au nord, vers Luxembourg et Bruxelles, que vers le sud de la France.
Le cœur contourné
Deux grands axes structurants restent en souffrance au sein de l’espace que la SNCF dénomme sobrement Région métropolitaine polycentrique transfrontalière (RMPT). Au sud et à l’ouest, la liaison TGV Strasbourg-Bruxelles via Roissy-Charles-de-Gaulle prend le pas sur la ligne EuroCapRail Strasbourg-Luxembourg Bruxelles, grande infrastructure inachevée et fortement compromise. Au nord et à l’est, la LGV Londres-Bruxelles-Francfort-Strasbourg est censée répondre aux aspirations de mobilité de la Grande Région – au détriment des deux métropoles de la Grande Région, Sarrebruck et Luxembourg.
Alors même que plusieurs programmes européens dont Espon et Metroborder insistent depuis 2008 sur le potentiel inexploité du cœur de la Grande Région, la nouvelle desserte marginalise un espace de 3,5 millions d’habitants pour 105 milliards d’euros de produit intérieur brut – soit l’équivalent de la région de Barcelone.
Les conséquences d’une inexistence politique
Ce contournement n’est pas le résultat de l’échec d’une négociation transfrontalière globale, mais le résultat de décisions nationales et régionales prises sans lien les unes avec les autres. Lorsque le Luxembourg a négocié avec la Belgique la réalisation du barreau Bruxelles-Luxembourg, nous n’étions pas à la table des négociations pour apporter tout notre poids, avec Sarrebruck et son million d’habitants et le Pôle métropolitain du Sillon lorrain avec ses deux millions d’habitants. Et quand le Grand-Duché a donné son accord pour réduire de 4 à 2 allers-retours Luxembourg-Strasbourg au profit de 6 allers-retours vers Paris, nous n’étions pas invités non plus.
Dominique Gros, maire de Metz et vice-président du Sillon lorrain
L’élu regrette également le statu quo décidé quant aux dessertes entre Metz, Sarrebruck et Francfort et voit dans le non-dialogue entre parties la preuve de l’inexistence politique de la RMPT.
Le Sud… en passant par Paris
Dans la nouvelle carte des dessertes SNCF, l’ouverture de la Lorraine vers le sud reste tributaire d’une liaison Rhin-Rhône dont la réalisation est sujette à caution. Pour l’heure, les cadencements privilégient clairement le passage par Paris pour relier la Lorraine au sud de la France.
Il est navrant de constater que l’on consacre 3,2 milliards d’euros à Bordeaux-Dax et que l’on ne puisse pas trouver 700 millions d’euros pour l’ouverture au sud.
Michel Heinrich, président du Sillon lorrain et député-maire d’Epinal
Rejoint par les réseaux de villes frontalières QuattroPole et ToniCités et par l’eurodistrict SaarMoselle, le Sillon lorrain a adressé au Sommet de la Grande Région une motion demandant d’être associés aux négociations mettant en cause leur développement. Les quatre partenaires en appellent également à la présidence luxembourgeoise du conseil de l’Union européenne afin d’obtenir une réunion intergouvernementale associant les conférences intergouvernementales de France, de Belgique, d’Allemagne et du Luxembourg pour créer les conditions d’une meilleure coopération.
--Télécharger l'article en PDF --