Victime d’un malaise cardiaque, Camille Gira, secrétaire d’Etat au développement durable et aux infrastructures du Luxembourg, est décédé le 16 mai 2018 à l’âge de 59 ans. La Grande Région perd un homme d’action et de conviction qui a initié un modèle de transition énergétique de référence à Beckerich, plaidé pour la mobilité transfrontalière et géré avec droiture les financements Interreg.
Le gouvernement luxembourgeois a décrété trois jours de deuil national suite au décès de Camille Gira, secrétaire d’Etat au développement durable et aux infrastructures. Agé de 59 ans, le militant écologiste a été victime d’un malaise cardiaque en pleine session parlementaire, alors qu’il présentait la nouvelle loi sur la conservation de la nature.
Monsieur Gira a toujours fait preuve d’un dévouement exemplaire. Il s’est également engagé tout au long de sa carrière politique pour les valeurs fondamentales de tolérance, de solidarité et de respect. Outre cet engagement, il a été un porte-parole passionné par ses convictions écologiques, notamment la protection des ressources naturelles et l’environnement
Xavier Bettel, Premier ministre du Luxembourg
Le modèle de Beckerich
Entré au gouvernement en décembre 2013, Camille Gira a apporté à la coalition entre le Parti Démocratique, le Parti ouvrier socialiste et les Verts (Déi Grén) l’expérience concrète de 25 ans de transition énergétique à l’échelle d’un village. Elu échevin de Beckerich en 1982 à l’âge de 24 ans, puis bourgmestre huit ans plus tard, le militant écologiste a érigé cette commune conservatrice et rurale de 2 300 habitants en modèle européen de l’indépendance énergétique et de l’économie circulaire.
Visité par des délégations venues d’Europe entière, le village s’est doté d’un réseau de chauffage urbain alimenté par la méthanisation d’effluents d’élevage et par une chaufferie bois. Implantée sur tous les bâtiments publics, des toitures photovoltaïques accessibles à la copropriété assurent aux habitants indépendance énergétique et revenus garantis.
Une approche transfrontalière de la mobilité
Dans ses fonctions de secrétaire d’Etat, l’ancien syndicaliste, qui avait pris part au long conflit des aiguilleurs du ciel à l’aéroport du Fimbel dans les années 80, s’est illustré par une approche transfrontalière et alternative de la mobilité. Il s’inquiétait non seulement des bouchons dans lesquels s’enlisent quotidiennement les 90 000 Lorrains travaillant au Luxembourg, mais aussi de l’incidence des pics de dioxyde d’azote sur la santé publique. Il se montrait lucide quant au risque de thrombose économique du pays tout entier.
Le Luxembourg ne s’arrête pas à ses frontières. Si la situation perdure, nous risquons de ne plus trouver la main d’œuvre qualifiée dont nous avons besoin. C’est pourquoi les coopérations avec les transports publics des pays frontaliers élargissent notre propre potentiel.
Camille Gira dans un entretien accordé à Correspondances en août 2015
Le régulateur d’Interreg V
Co-président du Groupement européen de coopération territoriale en charge de la gestion des fonds Interreg V A pour la période 2014/2020, Camille Gira avait été surpris par l’afflux de candidatures, qui a conduit à un rééchelonnement drastique des dossiers.
Dans la gestion de ces dossiers, Camille a agi avec impartialité, simplicité et droiture, en faisant pleinement confiance à ses équipes et à ses techniciens.
Bernard Lahure, ancien maire de Villers-la-Chèvre (Meurthe-et-Moselle) et ami de Camille Gira
Un autre aspect du Luxembourg
L’institut de la Grande Région a dû annuler la rencontre prévue avec Camille Gira le 17 mai 2018 à Metz et la remplacer par un message de condoléances.
Camille Gira était le représentant d’un Luxembourg différent de celui que l’on s’imagine : un pays créatif et capable d’une réflexion approfondie sur la maîtrise de la croissance.
Roger Cayzelle, ancien président du conseil économique, social et environnemental de Lorraine et président de l’Institut de la Grande Région
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