Ainsi donc, François Hollande est revenu à Florange – et y retournera même chaque année jusqu’à la fin de son mandat pour s’assurer en personne de la mise en place du centre de recherche publique dont il a annoncé la création jeudi dernier. Florange serait donc la ville où l’Etat aurait affirmé sa présence aux côtés des salariés, prouvé sa détermination et engagé la sidérurgie lorraine dans un avenir aussi prometteur que son passé fut glorieux.
Mais il faudrait bien plus que des visites présidentielles pour faire oublier que Florange est la ville où se sont éteints les derniers hauts-fourneaux de Lorraine, où les sous-traitants périclitent et où les intérimaires n’ont plus guère d’espoir qu’en allant voir ailleurs. Florange, comme avant elle Gandrange, est la ville de combats perdus, de promesses non tenues et d’échecs inavoués.
Florange sera bientôt le nom d’une loi qui aurait pu marquer l’histoire, si elle avait acté la suprématie du politique sur l’économie. La loi Florange aurait pu s’inscrire dans la continuité de la Communauté économique du charbon et de l’acier, s’appuyer sur la concertation entre Etats et fixer des règles auxquelles l’industrie mondiale se serait conformée. La pérennité des haut-fourneaux lorrains n’aurait pas été garantie pour autant, mais la possibilité pour un Etat d’empêcher la fermeture d’un site jugé stratégique aurait changé la donne.
Or Florange n’est pas le nom d’une utopie. La loi qui portera son nom ne la concernera même pas et augmentera tout au plus les contraintes et les coûts des industriels décidés à fermer une usine. Dans la vallée de la Fensch, ArcelorMittal poursuivra une politique parfaitement en phase avec une économie mondialisée et capitalistique. L’industriel indien ne méconnaît ni l’intérêt du marché européen, ni les compétences accumulées en Moselle en un siècle et demi de sidérurgie. L’appui de la recherche publique peut lui servir et il sait à l’occasion se montrer diplomate. Du centre de recherche publique de Florange émergeront peut-être des technologies prometteuses, voire même, des progrès suffisamment décisifs pour engendrer une nouvelle génération de haut-fourneaux. Mais le partenariat public-privé espéré peut aussi bien rester lettre morte. Faute de partenaires, le centre de recherche s’avérerait redondant ou inutile. Dans les deux cas de figure, ArcelorMittal restera maître du jeu.
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François Hollande reviendra à Florange chaque année
François Hollande a créé la surprise ce midi à Florange en promettant d’y revenir chaque année pour apprécier les avancées de la plate-forme de recherche industrielle dont il annonce l’implantation dès 2014.
Les journalistes étaient au moins aussi nombreux que les manifestants pour accueillir François Hollande, arrivé à 9 heures dans les Grands Bureaux d’ArcelorMittal Florange pour une rencontre avec les représentants syndicaux et les élus de Lorraine et de la vallée de la Fensch. Près de trois heures plus tard, le Président annonçait l’implantation à Florange d’un centre de recherche publique dédiée à la sidérurgie.
Reclassement : Accord en vue pour les salariés d’ArcelorMittal à Florange
La direction d’ArcelorMittal ne prévoit ni licenciement ni mobilité forcée àFlorange.
Enfin une bonne nouvelle à ArcelorMittal Florange, où les négociations du 29 mai sur le reclassement des salariés de la filière liquide dans les autres installations du site mosellan ont abouti à un compromis jugé acceptable par l’ensemble des parties. La mobilisation massive et pacifique des salariés devant les Grands Bureaux de Florange, l’unité syndicale retrouvée et la volonté de dialogue affichée par la direction ont abouti à un projet d’accord qui sera affiné le 7 juin, avant une validation prévue fin juin. L’arrêt des hauts-fourneaux de Florange supprimera 780 postes, dont 629 salariés d’ArcelorMittal et 130 de Gepor, filiale logistique du sidérurgiste dont l’avenir demeure incertain.
Le projet LIS ancre la recherche d’ArcelorMittal en Lorraine
Le comité de Suivi sur Florange a présenté lundi 22 avril un programme de recherche sur la fabrication d’acier à faible impact plus ambitieux que ne le prévoyaient les accords passés entre l’Etat et ArcelorMittal en janvier. LIS (Low impact Steelmaking) mobilisera 32 millions d’euros, essentiellement en Lorraine. Rien ne garantit en revanche que les applications industrielles s’effectueront à Florange.
Nous allons enfin pouvoir parler de Florange en termes positifs. Avec un investissement public-privé de 32 millions d’euros, le projet LIS dépasse largement les accords initiaux et permettront de recentrer la recherche sur la réduction du CO2 en Lorraine.
François Marzorati, président du comité de suivi des engagements entre ArcelorMittal et l’Etat, à l’issue d’une réunion de travail à la cité administrative de Metz, lundi 22 avril 2013
Proposition de loi : la « loi Florange » incitera à céder plutôt que fermer
Le texte du PS prévoit des pénalités si les groupes ne cherchent pas un repreneur.
Les sidérurgistes lorrains ont accueilli avec une ironie amère la proposition de loi présentée par le Parti socialiste à la veille du 1er mai pour contrer la fermeture de sites industriels. La « loi Florange », promise par le candidat Hollande en février 2012, est annoncée une semaine après la fermeture définitive des deux hauts-fourneaux mosellans d’ArcelorMittal.
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