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Daewoo, une entreprise en sursis

Les pouvoirs publics tentent de freiner la chute des trois usines lorraines du groupe coréen, Daewoo, qui emploie 1 100 salariés dans la région.

Daewoo-manifestatonLes mauvaises nouvelles s’amoncellent pour les trois sites lorrains de Daewoo. Fin décembre, HC Moon, directeur de Daewoo-Orion, l’usine de téléviseurs qui emploie 543 salariés à Mont-Saint-Martin, en Meurthe-et-Moselle, annonçait sa démission après une visite, apparemment infructueuse, au ministère de l’Economie. Le dirigeant venait y demander la remise gracieuse de quelque 2 millions d’euros, correspondant à six mois de cotisations sociales impayées.

Dès la première semaine de janvier, le conseil général de Meurthe-et-Moselle, la préfecture de région et le conseil régional de Lorraine ont successivement reçu les membres de l’intersyndicale de Daewoo-Orion venus faire part de fortes inquiétudes quant à leur avenir immédiat. C’est pourtant de Demsa, l’usine de tubes cathodiques employant 289 salariés à Fameck (Moselle), qu’est parvenue, le 24 janvier, la première annonce de plan social. Le site, qui présentait pourtant les plus faibles pertes des trois usines, annonce 120 suppressions de poste et le recours, à compter du 1er février, à des mesures de chômage partiel qui dureront au moins jusqu’à juin prochain.

Dans cette conjoncture peu réjouissante, les pouvoirs publics éludent, pour l’heure, la question décisive : faut-il fermer les usines Daewoo ? Les trois sites ne doivent leur survie qu’à l’indulgence des organismes sociaux et à l’inertie de leur maison mère coréenne, qui n’exige pas, dans l’immédiat, le remboursement des 34,61 millions d’euros. Ecrasé sous une dette globale de 141 millions d’euros, Daewoo-Orion présente une production obsolète. L’outil industriel, datant de 1996, est vétuste et mal entretenu.


Relations sociales difficiles

L’usine se caractérise également, depuis sa création, par des relations sociales difficiles qui se traduisent par un turn-over de 25 % par an et un taux d’absentéisme constant de 20 %.

Seul un repreneur capable d’investir, de sortir de l’opacité ambiante et de proposer un plan de relance clair pourrait sauver l’usine. A défaut, un dépôt de bilan accompagné d’un plan social digne de ce nom et d’une réelle politique de reclassement constituerait la solution la moins catastrophique.

Ammar Bouchama, délégué CFDT du comité d'entreprise de Daewoo-Orion

Le conseil régional de Lorraine a proposé la constitution d’un audit pour dresser un premier bilan de la situation effective des trois sites. Mais les dirigeants coréens semblent peu enclins à jouer la transparence. Qui plus est, les banques coréennes ont pris, fin janvier, le contrôle de la maison mère coréenne, laissant augurer d’un prochain turn-over dans la direction du groupe. L’attentisme reste donc de rigueur, de même que la crainte de voir Daewoo succéder à Bata dans la liste noire des sites lorrains condamnés.


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Pascale Braun

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