En recherche constante de techniciens de maintenance, le spécialiste du matériel pour le BTP, l’industrie et l’agriculture échange avec les collèges et les lycées pour présenter ses métiers à de jeunes recrues potentielles.
Trop de croissance nuit à la croissance : la fédération des distributeurs, loueurs et réparateurs (DLR) affiche une progression de près de 10 % du chiffre d’affaires de ses membres entre début 2018 et début 2019, mais pointe les grandes difficultés de la profession à recruter les 3.000 salariés nécessaires pour maintenir ce rythme. A Nancy, Colvemat, spécialisé dans la maintenance, la location et la vente de matériel pour le BTP et l’industrie, n’échappe pas à ce problème. Cette filiale du groupe Europe Holding, qui emploie 300 salariés, dont 200 techniciens, pour 100 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2018, a ouvert 30 postes en début d’année. Elle recrute en permanence, tant pour remplacer les départs en retraite que pour renouveler et renforcer les effectifs.
Stratégique depuis plusieurs années, le recrutement est devenu vital. Dans l’idéal, nous aimerions voir venir à nous des jeunes qualifiés ou diplômés. Mais la réalité impose de gros efforts de détection.
Philippe Sesmat, directeur de l’agence de Fléville-devant-Nancy
Une meilleure perception
Les établissements scolaires demeurant un vivier important, Colvemat ouvre largement ses portes aux stagiaires et alternants de trois lycées professionnels proches de ses agences dans le Pas-de-Calais, dans le Bas-Rhin et en Meurthe-et-Moselle. Dans ce département, le groupe a développé avec le lycée des métiers Entre Meurthe-et-Sânon de Dombasle des échanges novateurs, tant pour faire connaître ses métiers à des jeunes que pour répondre à des besoins en compétences ponctuels parmi ses effectifs. En juin dernier, le lycée a accueilli durant deux jours un groupe de salariés de Colvemat. L’initiative, qui sera reconduite, a été jugé d’autant plus positive qu’elle a permis des échanges entre professionnels et enseignants sur les technologies dernier cri.
Il nous semble important de retranscrire auprès des lycées les évolutions auxquelles nous sommes confrontés et de réduire le décalage entre les programmes et la réalité.
Cédric Dailly, responsable RH de Colvemat
Le lycée des métiers de Dombasle a quant à lui dupliqué auprès des entreprises du DLR un dispositif déjà éprouvé auprès des métiers de la chimie, fortement représentés dans la ville d’origine des soudières de Solvay. En novembre prochain, l’établissement organisera à l’intention des professeurs de collèges et d’autres acteurs locaux, dont les missions locales et Pôle emploi, une visite de Colvemat, puis de ses propres installations. La rencontre offre aux enseignants une meilleure perception du cadre professionnel proposé par l’entreprise. Ils pourront ainsi aiguiller les élèves de quatrième et de troisième en connaissance de cause.
Les professeurs sont très demandeurs et nous enregistrons souvent deux fois plus de demandes que de places disponibles. Mais ces visites ne se traduisent pas forcément pas une orientation spontanée vers ces filières.
Sybil Dampfhoeffer, proviseure du lycée des métiers de Dombasle.
3.000 postes à pourvoir
Dans le domaine de la chimie, 200 collégiens participent chaque année à un forum spécialisé, sans choisir pour autant un bac pro correspondant. Mais cet aperçu contribue à faire choisir cette voie aux lycéens qui, ayant échoué dans des filières classiques, intègrent une filière professionnelle.
Nos professions ont d’autant plus besoin de se faire connaître que les jeunes férus de mécanique pensent d’abord aux métiers de l’automobile. La pénurie de main d’œuvre est telle qu’il faut savoir capter toutes les marques de motivation.
Florence Dupont, déléguée générale adjointe à la Fédération DLR
La profession, qui recense régulièrement les effectifs mobilisables, évalue à 3.000 le nombre de jeunes suivant des formations susceptibles de les intéresser, dont environ 1.000 achèvent une année d’obtention du diplôme et 750 se présentent sur le marché du travail – un chiffre notoirement insuffisant au regard des 3.000 postes à pourvoir cette année.
Les loueurs de matériaux ont appris à faire valoir les atouts de leurs métiers – autonomie, bons salaires et belles perspectives de carrière – auprès de jeunes en poste dans les professions automobiles ou agricoles, en ravivant les passions pour les gros tracteurs. Ces métiers, qui restent pour l’heure presque exclusivement masculins, devront encore affiner leurs techniques de séduction pour rester prospères.
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