Sans faille
Présidente du Collectif de défense des bassins miniers lorrains, Colette Goeuriot milite sans relâche. Forte d’une vie d’engagement politique.
Stricte et altière, Colette Goeuriot reçoit ses visiteurs à l’Hôtel des ouvriers, vaste bâtisse associative d’Homécourt (Meurthe-et-Moselle). L’ancienne institutrice a gardé une autorité intimidante et conserve de son long engagement politique une organisation sans faille. Désormais investie dans la défense des communes fragilisées par les affaissements miniers, la vieille dame impeccablement mise témoigne non seulement d’une évidente force de caractère, mais aussi de la gratitude pudique d’une orpheline de mère envers les cités ouvrières qui l’ont adoptée sans ambages.
Premières luttes syndicales
Arrivée à vingt ans des bords du lac Léman, cette fille d’inspecteur de police s’émerveille dès le premier regard de la beauté des cinquante enfants italiens, polonais, yougoslaves ou tziganes qui composent sa première classe de maternelle à Auboué (Meurthe-et-Moselle).
Dès mon arrivée dans la cité, je n’ai plus jamais été seule. Invitée dans toutes les familles, j’ai découvert une diversité, une chaleur humaine, une solidarité que je ne connaissais pas et j’ai vécu des années heureuses.
Colette Goeuriot.
Dans la vallée de l’Orne alors prospère et militante, l’institutrice épouse un mineur, adhère au Parti communiste et vit ses premières luttes syndicales aux côtés d’un millier d’ouvrières licenciées d’une usine de charcuterie. Le Parti confie rapidement à la jeune mère de famille la responsabilité de la section de Joeuf, alors bastion ouvrier.
La carrière politique de Colette Goeuriot est lancée. L’époque ne se soucie guère du cumul des mandats. L’institutrice – qui n’obtiendra un mi-temps qu’en 1988 – exerce successivement ou simultanément les mandats de maire de Joeuf, où elle sera réélue à quatre reprises, de conseillère générale et de députée. Aux années fastes succède le déclin, puis la fermeture des mines de fer.
Militante travailleuse et disciplinée, Colette Goeuriot défend la cause des villes minières avec une conviction inébranlable tant en Lorraine qu’au palais Bourbon. En 1982, elle vote la mort dans l’âme le Plan acier de la coalition gouvernementale socialiste-communiste, qui condamne les mines de fer meurthe-et-mosellanes. La fêlure se fait fracture, et la députée quitte le Parti deux ans plus tard.
Restée maire de Joeuf, l’ex-militante aurait pu finir sa carrière en pente douce. Mais en octobre 1996, deux rues entières s’effondrent dans une cité ouvrière d’Auboué.
Le signal d’un nouveau combat
Ce craquement sinistre sonne le signal d’un nouveau combat.
Dès le lendemain des premiers affaissements, les élus et la population, réunis à Joeuf, se sont demandés où auraient lieu les prochains sinistres, qui en était responsable et qui allait payer – autant de questions qui restent d’actualité quinze ans plus tard.
Le Collectif de défense des bassins miniers lorrains, qu’elle préside depuis sa création, a certes obtenu des éléments de réponse. L’Etat et les anciens exploitants ont reconnu à contrecoeur les ravages d’une exploitation minière intensive et mal contrôlée, les dégâts de l’eau dans les galeries désaffectées et un risque d’affaissement plus ou moins grave dans 110 communes.
Défendant l’intérêt des populations et sûre de son bon droit, Colette n’a jamais renoncé.
André Corzani, député-maire communiste qui lui a succédé à la municipalité de Joeuf
Le collectif, qui englobe désormais l’ancien bassin houiller, demande à présent la modification de la loi après-mines, qui n’indemnise que partiellement communes et riverains sinistrés.
BIO-EXPRESS
- 8 août 1939 : naissance à Lyon.
- 1959 : nommée institutrice à Auboué (Meurthe- et-Moselle).
- 1967 : adhère au Parti communiste.
- 1976-1982 : maire de Joeuf (jusqu’en 1997), conseillère générale, conseillère régionale, députée de Meurthe-et-Moselle.
- 1984 : quitte le Parti communiste.
- Octobre 1996 : premiers affaissements dans l’ex-bassin ferrifère.
- Depuis 1997 : préside le Collectif de défense des bassins miniers lorrains.
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