Quitter l’enfance
Christine Thomas quitte la protection maternelle et infantile de Montigny-lès-Metz, mais compte transmettre son amour de la petite enfance.
Qu’elle reçoive dans son cabinet de consultation de pédiatrie préventive de Montigny-lès-Metz (Moselle) ou dans son impeccable pavillon fleuri de la banlieue messine, Christine Thomas témoigne de la même amabilité chaleureuse doublée d’une grande acuité. Trente-quatre ans après ses débuts en tant qu’infirmière, la puéricultrice présente une mosaïque d’expériences professionnelles, toujours étroitement imbriquées à sa vie de famille. Epouse de militaire et mère de quatre enfants, elle a construit sa carrière en fonction des affectations successives de son mari et s’est accordé de longues pauses pour s’occuper des siens. De Nancy à Trappes et de la Guyane à la Moselle, le souci d’accompagner et de protéger l’enfance constitue le fil conducteur d’un parcours où l’altruisme occupe une place majeure.
Chaleur
Dès l’adolescence, la jeune Bretonne catholique exclut de travailler dans un bureau. Elle passe le concours d’infirmière, mais deux années passées à l’hôpital d’Argenteuil suffisent à la convaincre qu’elle ne s’habituera jamais à la souffrance d’autrui. Elle bifurque alors vers la puériculture. En 1985, son poste d’adjointe, puis de directrice d’une crèche, à Coignières (Yvelines), l’initie aux relations riches et complexes entre parents et assistantes maternelles.
Mes études ne m’avaient pas préparée à ce poste. Du recrutement des assistantes à l’accueil des parents, j’ai apprécié les contacts humains variés avec tous les milieux.
L’expérience l’aidera à ouvrir une crèche collective en Guyane.
De retour dans les Yvelines, à Trappes, la puéricultrice de protection maternelle et infantile (PMI) s’intègre avec aisance dans un environnement composé d’immigrés majoritairement turcs et africains. Elle apporte chaleur et soutien aux familles déracinées, ferme les yeux sur des situations de polygamie et passe outre la méfiance que lui témoignent certains patriarches. Surmontant les barrières linguistiques grâce à l’interprétariat assuré par les enfants, elle dialogue avec les mamans et noue le contact avec les tout-petits.
« Lorsque je vois un enfant, je l’imagine adulte et ce potentiel me fascine.
La puéricultrice parle si tendrement et si sérieusement aux nourrissons que même les nouveau-nés semblent la comprendre. Son dernier poste l’a conduite à Montigny-lès-Metz, où elle exerce depuis huit ans. Outre les consultations de pédiatrie préventive, elle effectue les visites de naissance au domicile des parents, participe aux bilans individuels des quatre ans au sein des écoles maternelles de la ville et intervient au domicile des familles dans le cadre de la protection de l’enfance.
Empathie
Christine Thomas rayonne de gentillesse, mais elle avoue que son extrême sensibilité est devenue un handicap. Elle qui détecte le moindre bobo au premier coup d’œil ne supporte plus la souffrance silencieuse des enfants confrontés aux maltraitances physiques ou morales.
Je tiens le choc grâce à une vie familiale équilibrée. Mais, à force d’empathie, j’ai de plus en plus de mal à garder cette distance qui fonde le professionnalisme. »
Christine Thomas envisage une nouvelle voie qui lui permettrait de transmettre à de futures puéricultrices son savoir. Si le cadre n’est pas encore fixé, le message est clair :
Trop d’enfants ne manquent de rien, sauf de l’essentiel. Leurs parents les couvrent de vêtements de marque, alors qu’ils ont avant tout besoin d’être aimés, cadrés, éduqués.
A l’approche de la soixantaine, la puéricultrice continue à rêver d’un moyen de soigner les parents en détresse pour les aider à rendre leurs enfants heureux.
BIO-EXPRESS
- 1975 : obtient son diplôme d’infirmière à Argenteuil (Val-d’Oise).
- 1985-1989 : adjointe, puis directrice de crèche à Coignières (Yvelines).
- 1995 : obtient le concours du CNFPT à Montpellier.
- 1996 : ouvre une crèche collective à Cayenne (Guyane).
- 1998-2001 : puéricultrice de secteur à Trappes.
- 2001-2009 : puéricultrice titulaire à Montigny-lès-Metz.
--Télécharger l'article en PDF --