
Les mots et les dessins manquent pour exprimer le désastre. Les plus grands noms du dessin de presse français viennent de tomber à Paris sous les balles. Et ce n’est pas une BD. Comment désormais boire un café peinard en cherchant le crobard de Cabu ou d’autres ? Qu’il agace ou pas, ce dessin faisait partie du patrimoine. Et au bout du crayon il y avait un mec. De quoi se fâcher ou se réconcilier avec d’autres devant la machine à café ou ailleurs. C’est jour de deuil. Mais déjà je crains les amalgames. les arabes dehors etc… Gardons le crayon droit et la parole belle. Le vent se lève, il faut tenter de vivre.
André Faber
L’information était tragique avant même que ne tombent les noms. Des mitraillettes ont criblé de balles une conférence de rédaction. Que les tueurs aient atteint la standardiste ou le rédacteur en chef ne changeait pas grand’chose.
Puis les noms sont tombés. Ils ont tué Charb, Cabu, Tignous, Wolinski, Bernard Marris. Ils ont tué huit autres personnes, intentionnellement ou dans le feu de l’action.
Les tueurs du 7 janvier ont troué la peau à des dessinateurs et parmi eux, à des monuments du dessin de presse. Correspondances Lorraines ne prétend pas être Charlie, mais voue un profond respect au Charlie des origines – celui de Cavanna, du professeur Choron, de Jean-Marc Reiser, de Siné, de Cabu et de Wolinski. Les fondateurs d’un journalisme irrespectueux, libertaire, anticlérical, antimilitariste, écologiste, et surtout, tellement drôle !
Les tueurs ont abattu des hommes qui n’étaient armés que de feutres et de stylos. Mais ils n’ont rien tué de ce qu’ils exècrent. Il y aura toujours des hommes, des femmes, des jeunes, des vieux, des êtres libres qui voudront penser et faire penser, comprendre et faire comprendre, rire et faire rire. Et qui n’auront pas peur.
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