Dans l’ancien bassin ferrifère, le syndicat intercommunal du contrat de rivière Woigot a combiné des actions hydrauliques, écologiques et paysagères pour sauver l’étang de la Sangsue, au coeur de Briey.
Menacé d’enlisement, l’étang de la Sangsue renaîtra ce printemps sous une forme nouvelle. Débarrassé de son barrage central, doté de passerelles et bordé par un amphithéâtre de verdure, le plan d’eau – créé dans les années 1970 à Briey – est désormais longé sur sa rive gauche par le ruisseau du Woigot, lui-même dévié et restauré. Signataire du premier contrat de rivière de l’agence de l’eau Rhin-Meuse dès sa création, en 1987, le syndicat intercommunal du contrat de rivière Woigot (CRW) voit ainsi aboutir un projet au long cours dont dépendait la survie de l’étang et du ruisseau.
Egout à ciel ouvert
Pour la première fois, la rivière a été considérée non pas comme un élément accessoire de l’assainissement, mais comme l’essence même du projet. A la réflexion technique s’est ajoutée une forte dimension urbaine, car l’étang de la Sangsue donne un coeur à la vieille ville.
Claude Lauer, directeur du CRW
Les sept communes du bassin ferrifère centre n’avaient sans doute pas mesuré toutes les conséquences de l’arrêt de l’exhaure minière en 1994. Outre l’obligation de recréer un réseau d’eau potable, jusqu’alors assuré par le pompage de la mine, les collectivités ont constaté un quasi-tarissement du Woigot. Devenu un égout à ciel ouvert, le ruisseau qui se jetait dans l’étang de la Sangsue y a déposé quelque 80 000 m3 de sédiments, dont l’évacuation se révélait économiquement impensable.
L’appel d’offres lancé par le CRW en 2008 n’excluait aucune hypothèse, pas même celle de la disparition progressive de l’étang. Retenus en groupement de maîtrise d’oeuvre, l’agence strasbourgeoise du groupe Hydratec, les consultants Asconit (spécialisés dans la gestion durable des ressources) et l’architecte urbaniste nancéien Marc Verdier ont proposé une solution pérenne consistant à rabattre le cours d’eau en parallèle de l’étang, dans un lit reconfiguré épousant ses anciens contours. L’agence messine du groupe Sethy, filiale de Vinci spécialisée dans l’environnement et les travaux hydrauliques, a assuré la renaturation du cours d’eau et le génie civil des nouveaux accès.
Inscrits dans le schéma d’aménagement des eaux (Sage) du bassin ferrifère, les travaux d’un montant de 5 millions d’euros HT ont été cofinancés par l’agence de l’eau Rhin-Meuse, le conseil régional de Lorraine et les fonds européens. Deux passes à poissons Le chantier a commencé à l’été 2012 avec la vidange intégrale de l’étang. L’entreprise de travaux publics mosellane Lingenheld a mobilisé une dizaine de pelles, deux grues et deux compacteurs pour extraire 45 000 m3 de boues, les sécher puis les réutiliser in situ. Une partie des sédiments a permis d’adoucir la pente des talus et de constituer un amphithéâtre de verdure en aval. Le nouveau bassin se trouve ainsi réduit de 2 ha, tout en gagnant 100 000 m3 d’eau. En aval du plan d’eau, le barrage de 92 m de long, complété par un barrage clapet, a été remplacé par un ouvrage de répartition en amont et un ouvrage de restitution en aval. La régulation est assurée par une digue maçonnée de 1 100 m de long sur 2 m de large, déversante sur son milieu pour limiter l’élévation du plan d’eau. Ces deux nouveaux ouvrages assurent la continuité piscicole.
Dans un nouveau lit mineur (1 164 m de long x 1 m de large et 30 cm de profondeur) aménagé sur la rive gauche de l’étang, le Woigot enchaîne une succession de radiers et de mouilles au long de la digue en terre. Pour emporter l’adhésion des habitants de Briey, le CRW a multiplié les visites et initiatives festives pendant les 22 mois de chantier. Surplombé par la Cité radieuse de Le Corbusier, enjambé de passerelles en bois, l’étang de la Sangsue s’inscrit désormais durablement dans le patrimoine naturel de la ville.
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