Pour répondre aux clauses des marchés publics, la fédération du BTP de Lorraine a constitué un groupement d’employeurs dédié au recrutement, à la formation et à l’accompagnement de personnes en difficulté.
Confrontée à l’augmentation des contrats « clausés » qui imposent à ses adhérents un nombre parfois élevé d’heures d’insertion, la fédération du bâtiment et des travaux publics de Lorraine entend transformer cette contrainte en atout. Fondé en janvier 2013, son Groupement des employeurs pour l’insertion et la qualification (Gieq) intervient à la manière d’une direction des ressources humaines externalisée pour mettre à disposition des entreprises des personnes relevant des dispositifs d’insertion et répondant à leurs besoins de main d’œuvre qualifiée.
Généralisées à l’occasion des grands chantiers de rénovation urbaine, les clauses d’insertion ont souvent été mal vécues par les employeurs.
Durant plusieurs années, nous avons subi cette obligation comme une punition. Outre la contrainte financière, nous devions accepter n’importe quel public alors que notre métier comporte de grands risques. Il fallait que nos entreprises s’organisent pour trouver un vivier plus sélectif et répondant mieux à nos besoins de personnel formé.
Dominique Daniel, dirigeante de la SLEE, spécialiste des réseaux secs qui emploie 40 salariés à Guénange (Moselle)
À l’occasion d’un chantier assorti de 2 200 heures d’insertion, l’entreprise s’est rapprochée des trois autres lauréats d’un lot de réhabilitation de voierie pour mutualiser les recrutements. Sélectionnés par le Gieq, deux salariés successivement employés par les différents intervenants ont ainsi pu rester sur le chantier durant douze mois, au terme desquels l’un d’entre eux a été définitivement engagé.
Créé début 2013 et opérationnel depuis six mois, le Gieq BTP Lorraine a fait valider 21 contrats de travail auprès de 12 entreprises. La structure, qui compte depuis peu deux salariés, collecte les besoins des entreprises à la fois en volume horaire de contrats d’insertion et en matière de qualification. Elle s’engage ensuite dans la présélection des candidats en partenariat avec Pôle emploi, les missions locales des quatre départements lorrains et les facilitateurs des collectivités. Le public éligible aux dispositifs d’insertion – bénéficiaires du RSA, demandeurs d’emploi depuis plus de 12 mois, jeunes de moins de 26 ans, travailleurs de plus de 50 ans en reconversion ou encore, personnes placées sous main de justice – comporte des personnes motivées ne demandant qu’à faire leurs preuves.
Nous veillons à l’accompagnement social et à la formation des personnes recrutées. Nous n’avons enregistré aucune rupture de contrat en 2013, contre une moyenne de 30 % d’échec !
Sandrine Poncet, responsable du Gieq BTP Lorraine
Le groupement délègue la formation, mais se spécialise dans l’insertion pour venir en aide aux chômeurs et exclus d’un marché du travail sinistré. Lors des appels d’offres publics, la qualité des propositions des entreprises en matière d’insertion devient parfois un critère décisif. Sous l’impulsion de Michel Dinet, son président récemment décédé, le conseil général de Meurthe-et-Moselle a ainsi placé l’insertion parmi ses priorités. Subventionné à hauteur de 208 000 euros sur trois ans par les collectivités et l’Opca Constructys , le Gieq BTP Lorraine se fixe pour objectif la signature de 60 contrats de professionnalisation, d’apprentissage ou d’avenir durant cette période.
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