La ville d’art et d’histoire lance de grands chantiers pour adapter son urbanisme aux besoins actuels tout en mettant en valeur un patrimoine Renaissance à fort potentiel.
Une salle multifonction, un nouveau cinéma, une résidence autonomie, un Ehpad en projet, un écoquartier en émergence… Jamais Bar-le-Duc n’avait autant construit. Portés tantôt par la Ville, tantôt par la communauté d’agglomération Meuse Grand Sud, les travaux en cours avoisinent les 40 millions d’euros. Cette mutation doit permettre à la ville d’enrayer un déclin démographique qui lui a fait perdre 1.500 habitants en 20 ans.
L’effort de redynamisation a démarré voici dix ans et s’est poursuivi sous l’impulsion de l’équipe municipale actuelle, qui a mobilisé l’Etat, le Gip Meuse et les collectivités pour bâtir son plan de financement jusqu’en 2022.
Olivier Gonzato, adjoint au maire en charge des Travaux et de l'Urbanisme
La préfecture de la Meuse, qui compte 15.500 habitants, et son intercommunalité de 35.000 habitants, se sont inscrites fin 2017 dans l’expérimentation villes moyennes menée par l’Etat. Elles ont également été retenues au programme Cœur de ville et pourront à ce titre mobiliser l’investissement privé pour cofinancer une prochaine opération Opah-Rénovation urbaine. La Ville retiendra fin avril le cabinet chargé de définir le périmètre de cette opération de réhabilitation de l’habitat, qui devrait englober le centre-ville et une partie de la ville haute.
La municipalité s’appuie sur la Société d’équipement du bassin lorrain (SEBL) et le cabinet nancéien Tappia-Verdier pour définir les contours d’un nouvel écoquartier dans le quartier Saint-Jean. Le nombre de logements reste à déterminer. Dans un marché immobilier peu tendu, la ville veut éviter d’aggraver la vacance. Elle vise le public des personnes âgées souhaitant se rapprocher des commodités du centre et proposera une alternative aux familles tentées par le périurbain.
Le quartier Saint-Jean accueillera courant juin sa première construction, une résidence sénior Icade d’un montant de 4,5 millions d’euros. Construit sous maîtrise d’ouvrage du centre intercommunal d’action sociale dans le cadre d’un bail emphytéotique, le bâtiment passif comporte 62 logements destinés à des personnes âgées non dépendantes. Un montage similaire doit permettre la construction, pour un coût de 16 millions d’euros, d’un Ehpad remplaçant deux structures existantes d’ici à 2021. La communauté d’agglomération se dote quant à elle d’une salle multifonction de 2.500 mètres carrés d’un coût de 12 millions d’euros HT, la salle Bradfer, dont l’inauguration est prévue en janvier 2020. Pour financer ces projets, Bar-le-Duc et Meuse Grand Sud s’appuient sur leurs partenaires traditionnels dont l’Etat, la région Grand Est, le Département et la Caisse des Dépôts. Situés dans le périmètre du projet d’enfouissement de déchets radioactifs Cigéo, les projets seront soutenus par le GIP Meuse.
Estampillée ville d’art et d’histoire depuis 2003, Bar-le-Duc a pris conscience de du potentiel de son patrimoine architectural. Pour restreindre la place de la voiture et mettre en valeur ses espaces publics, elle a confié à l’atelier Villes et paysages une opération de requalification au long cours qui lui a valu en 2016 la Victoire d’or du paysage décernée par les professionnels de l’aménagement paysager. Le boulevard historique de La Rochelle a été reconfiguré de manière asymétrique pour accorder aux piétons un espace plus large du côté ensoleillé. La ville a également renoué avec sa rivière, l’Ornain, grâce à de nouveaux quais desservis par les terrasses de Griesheim. Les travaux ont permis de grands progrès en matière d’accessibilité tout en mettant en valeur la beauté de la pierre barisienne.
Reste à requalifier la ville haute et son quartier Renaissance somptueux, mais parfois très décati. La ville compte prendre le temps de la réflexion pour mener à bien cette réhabilitation qui s’annonce complexe. Le label Art et histoire, qui a expiré en 2018, a conféré à la ville une visibilité nationale et permis l’accompagnement de l’Etat pour certaines réhabilitations. La municipalité et l’agglomération envisagent aujourd’hui de postuler conjointement à un nouveau label. Pour l’heure, le festival RenaissanceS souligne tous les premiers week-ends du mois de juillet le précieux héritage de cinq siècles d’histoire.
La ferveur populaire ressuscite le théâtre de Bar
Le 15 février dernier, Stéphane Bern et Brigitte Macron se sont rendus à Bar-le-Duc pour visiter l’un des hauts-lieux lorrains de la Mission patrimoine : le théâtre de Bar, qu’une centaine de bénévoles travaillent d’arrache-pied à sauver de la ruine. La mission Bern a permis de boucler le financement de la première phase des travaux, qui portent sur l’extérieur de l’édifice construit en 1900. L’association « Sauvons notre théâtre » prévoit un coût de 1,3 million d’euros pour restaurer intégralement ce théâtre à l’italienne qui a baissé le rideau dans les années 1970. Encore solide et magnifiquement ouvragé, l’édifice était voué à la démolition.
Il doit sa survie à trois natifs de la ville, qui ont convaincu leurs concitoyens de se retrousser les manches pour organiser le financement des travaux et participer au chantier. En 2020, le théâtre de Bar fêtera à la fois son 120ème anniversaire et sa résurrection sous forme de nouveau phare culturel de la ville.
--Télécharger l'article en PDF --
Poster un commentaire