Réunis le 15 juin 2018 au château de Septfontaines à Luxembourg-ville, les membres de l’association Luxembourg for Family office ont consacré leur événement annuel à la philanthropie, présentée comme un nouveau modèle de capitalisme solidaire. Imprégné de la culture du mécénat, le Grand-Duché pourrait réactiver cette forme de générosité dans la perspective d’Esch 2022.
Crée pour structurer, préserver et transmettre les patrimoines familiaux grand-ducaux, Luxembourg for family office a consacré une large partie de son huitième évènement annuel à la philanthropie, tout particulièrement dans le domaine de l’art.
En 2010, il aurait été impossible de réunir une conférence sur ce thème. Cette année, nous avons accueilli une cinquantaine de participants et nous constatons un intérêt croissant pour ce sujet, dans sa dimension sociale et artistique.
Diana Diels, fondatrice de Luxembourg Association of Family Offices et présidente de Luxembourg For Family Office
Le Grand-Duché ne manque pas de virtuoses du « Art Banking » spécialisés dans l’évaluation, la vente, l’assurance ou la transmission d’œuvres d’art.
Si nous ne parlons que de taxes et de solutions techniques, nous risquons de passer à côté de l’essentiel. En créant un lien avec la philanthropie, nous mettons des solutions techniques au services d’idées et de projets.
Laurent Issaurat, en charge du « Art Banking » pour Société Générale Private Banking France
Un ticket, des réseaux
Au premier stade de la philanthropie, les dons en espèces à des musées donnent droit, moyennant un ticket d’entrée de quelques milliers d’euros, à des places gratuites, à des accès aux infrastructures ou des invitations aux vernissages. La contribution à des fonds dédiés comme le programme franco-britannique Fluxus pour l’art contemporain, ou l’adhésion à des cercles privés tels les Amis du Quai Branly, ouvrent l’accès à d’influents réseaux artistiques, mais aussi diplomatiques et économiques.
Créativité philanthropique
Au-delà des engagements prêts à l’emploi, l’organisation d’expositions temporaires, l’ouverture de résidences d’artistes ou la création de prix renommés – qui feront monter en flèche la cote des artistes sélectionnés – constituent le nec plus ultra du mécénat. La collectionneuse grenobloise Colette Tournier, fondatrice de la Résidence Saint-Ange et lauréate 2018 du prix 2018 « un projet, un mécène » ou la fondation Daniel et Florence Guerlain, qui a fondé un prix de dessin contemporain, illustrent cette forme de créativité philanthropique.
Industriels donateurs
Des Médicis à Rockefeller en passant par Bernard Arnault ou François Pinault, le mécénat conjugue la passion de l’art et expression de puissance. Le Luxembourg ne déroge pas à la règle. Le négociant et banquier Jean-Pierre Pescatore (1793 – 1855), l’industriel Jean-François Boch (1782 – 1858) et le receveur général Auguste Dutreux (1808-1890) posèrent les jalons de la muséographie grand ’ducale contemporaine.
Pour faire fructifier leur patrimoine artistique, ces familles ont créé des fonds de dotation dont le modèle perdure encore au XXIème siècle.
Julie Husson, historienne de l’art
La Villa Vauban de Luxembourg-ville, le forum d’art contemporain Casino Luxembourg et même le Mudam découlent directement de la philanthropie de ces industriels donateurs.
Le frémissement d’Esch 2022
Aujourd’hui, faute d’incitations fiscales, les donateurs luxembourgeois sont plus enclins au sponsoring qu’au mécénat. Ils escomptent de leurs dons des contreparties événementielles et soutiennent de préférence les artistes luxembourgeois. L’ouverture du pays à l’international, la montée en puissance de l’université et la perspective d’Esch, capitale de la culture 2022, marquent le début d’une nouvelle ère.
Il existe aujourd’hui au Luxembourg un frémissement artistique porté par le tissu associatif et quelques galeristes indépendants. En 2007, la désignation de Luxembourg comme capitale européenne de la culture a marqué un cap de la culture grand-ducal et la dynamique a dépassé ses frontières. Esch 2022 jouera certainement le même rôle.
Raphaël Bonfiglioli, CEO de OWL Advisory SA
Sortir les œuvres des coffres
Le financier s’apprête à constituer une plate-forme de fonds dédiée à la peinture. Réparties dans plusieurs pays, des équipes différentes achèteront les toiles de jeunes artistes ou de peintres du XIXème siècle quelque peu oubliés pour les exposer dans des musées. Imaginée par des passionnés d’arts, la démarche muséale va résolument à l’encontre de pratiques plus courantes consistant à investir dans des œuvres pour les garder dans un coffre.
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