En visite à Florange ce lundi 24 novembre 2014, François Hollande a échangé avec des salariés reclassés suite à la fermeture des hauts-fourneaux d’ArcelorMittal. Si le chef de l’Etat présente Florange comme un exemple de réussite pour la France, la CGT reste sceptique et s’inquiète de la brusque disparition d’indicateurs chiffrés sur la compétitivité du site.
Rompu à l’exercice d’échange direct avec les salariés, François Hollande s’est entretenu hier matin avec un panel de 11 personnes reclassées suite à l’arrêt de la filière liquide d’ArcelorMittal Florange. Soigneusement préparée par la direction des ressources humaines, la rencontre réalisée en présence de la presse a mis en scène un Président attentif et cordial et des salariés motivés majoritairement jeunes. Technicien, électricien, ingénieure ou ancien intérimaire ont témoigné d’un parcours marqué par deux ans d’inquiétude, mais couronné par une reconversion globalement réussie. Les salariés ont évoqué les dispositifs d’accueil, le tutorat, les plans de formation et challenges de sécurité instaurés par le sidérurgiste pour accompagner le reclassement de 372 salariés après le départ volontaire de 257 de leurs collègues.
« Une lutte, une crise, puis une réussite »
Dès que nous avons vu que la conjoncture ne permettrait pas le redémarrage des hauts-fourneaux, nous avons décidé d’investir sur ce qui pouvait constituer l’avenir.
Henri Blaffart, ex-DRH pour la France devenu responsable des ressources humaines d'ArcelorMittal au niveau mondial
Florange vit et développe des technologies de pointe tant dans l’automobile que dans l’emballage. C’est le symbole d’une lutte, d’une crise puis d’une réussite. Si on se mobilise, on peut rebondir.
François Hollande
Visiblement au fait de la complexité des installations sidérurgiques François Hollande n’a concédé qu’une faiblesse de l’accord conclu entre ArcelorMittal et l’Etat en décembre 2012 : la situation des sous-traitants des hauts-fourneaux, dont les salariés n’ont pas bénéficié des dispositifs de reclassement.
Signaux d’alertes minimisés
A l’extérieur des Grands Bureaux, l’ambiance était bien moins sereine. « Il est venu, François Hollande ? On l’a pas vu », ironisent les militants CGT d’ArcelorMittal Florange. Le chef de l’Etat est en effet arrivé par l’accès arrière pour éviter le comité d’accueil des militants CGT, de Force ouvrière et du syndicat luxembourgeois OGBL.
Facile de se prévaloir des investissements provenant d’un groupe qui ne paye pas d’impôt en France grâce à l’optimisation fiscale réalisée au Luxembourg. De plus, le chef de l’Etat ne devrait pas cautionner une entreprise dont les ateliers emploient jusqu’à 70 % d’intérimaires dont certains le sont depuis cinq ans, au mépris de la loi. Enfin, nous avons l’impression que la direction minimise certains signaux d’alarme.
Claude Barrière, délégué CGT au packaging d’ArcelorMittal Florange
Selon le militant, sept pontiers sur dix ou encore, deux lamineurs sur cinq sont des intérimaires. Il s’interroge également sur l’absence d’informations factuelles sur les surcoûts induits par l’approvisionnement depuis Dunkerque et l’expédition de produits semi-finis sur le site ArcelorMittal de Basse-Indre, en Loire Atlantique.
Le plan de compétitivité nous apparaît comme un plan transitoire d’arrangements économiques et politiques.
Claude Barrière
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