Florange bénéficie de 200 millions d’investissements sur cinq ans. Mais les effectifs sont tombés de 3.000 à 2.000 personnes.
François Hollande a honoré encore cette année sa promesse : il est revenu dans la vallée de la Fensch, Mais en Moselle, cette visite passe mal. A Florange, personne n’a oublié que les derniers hauts-fourneaux d’ArcelorMittal sont bel et bien fermés et que la « loi Florange » telle qu’annoncée par le candidat Hollande en 2012 n’a pas vu le jour.
Engagements respectés
A la veille du déplacement présidentiel , le groupe sidérurgiste a opportunément diffusé un dossier de presse réaffirmant le respect des engagements industriels et sociaux actés lors de l’annonce de l’arrêt des hauts-fourneaux. Le site bénéficie sur cinq ans d’un investissement de 200 millions d’euros dont les trois quarts sont déjà engagés. La production d’acier pour emballage et automobile a atteint l’an dernier 1,1 million de tonnes et l’usine de Florange constitue aujourd’hui un site d’excellence pour l’acier Usibor, matériau à haute performance très prisé des constructeurs automobiles. La suppression de 629 postes à la filière liquide n’a causé aucun licenciement, et l’usine de 2.000 salariés a recruté 120 personnes en CDI depuis 2015.
Florange va mieux. L’usine est redevenue compétitive, essentiellement grâce à la remontée des prix de l’acier, et 2.000 emplois ont été préservés. Traditionnellement positionné sur les produits haut de gamme, le site est devenu l’un des leaders mondiaux de l’Usibor. Mais les recrutements restent insuffisants et la transmission des compétences lors des départs en retraite des sidérurgistes nous préoccupe.
François Pagano, délégué central CGC chez ArcelorMittal
Plus critique, la CGT pointe des ratés dans l’approvisionnement de l’aciérie lorraine, qui s’effectue désormais depuis Dunkerque, et dénonce une casse sociale discrète.
Désespérance sociale
En trois ans, les effectifs de Florange sont passés de 3.000 à 2.000 salariés, essentiellement du fait des départs en retraite. A l’horizon 2020, le plan « EIO » (Excellence industrielle et organisation) du sidérurgiste prévoit un gain de productivité de 30% mais aussi 300 suppressions d’emplois supplémentaires. A cette lente érosion s’ajoutent les dommages collatéraux de la restructuration de 2012. Des sous-traitants directs aux « kebabs » de quartier, l’arrêt de la filière liquide aurait fait perdre 1.800 emplois dans la vallée de la Fensch.
Cette désespérance sociale n’est pas sans lien avec l’élection d’un maire Front national à Hayange.
Lionel Burriello, délégué syndical CGT d'ArcelorMittal à Florange
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