Le point d’étape du comité de suivi de Florange, qui s’est réuni ce matin sur le site mosellan d’ArcelorMittal, comptabilise 93 millions d’euros d’investissements engagés et 168 millions d’euros de chantiers autorisés. L’industriel dépassera nettement les 180 millions d’euros d’investissements promis sur la période 2014/2018 : leur montant pourrait atteindre 258 millions d’euros d’ici à 2020, confirmant la pérennité d’un site qui paraissait gravement menacé voici deux ans.
La direction d’ArcelorMittal Atlantique et Lorraine (Amal) a affrété un car ce vendredi matin pour faire visiter à une trentaine d’élus, de représentants de services de l’Etat, de délégations syndicales CFDT et CFE et de journalistes quatre réalisations stratégiques des investissements réalisés courant 2014 sur le site de Florange.
Cette visite démontre de manière concrète que les engagements sont tenus. ArcelorMittal a maintenu et développé son outil à Florange, qui demeure l’un des sites les plus innovants du groupe.
François Marzorati, ancien sous-préfet de Thionville et président du comité de suivi mis en place dans la foulée de confirmation de la fermeture des deux derniers hauts-fourneaux fin 2013
Usibor tient ses promesses
La cokerie, considérée comme une base arrière de de l’usine de Dunkerque, est désormais dotée d’un gazomètre reconfiguré d’une capacité de 15 000 nomomètres cubes. Réalisé par le groupe allemand Leffer, spécialiste des installations industrielles, l’équipement d’un montant de 12 millions d’euros entrera en phase de test courant mai. Le train continu à chaud est équipé de nouveaux moteurs d’une puissance de 12 MW, double, voire triple de celle des anciens moteurs datant des années 70. Le chantier d’un montant de 10 millions d’euros a mobilisé une vingtaine d’entreprises régionales et se poursuivra cette année par de nouveaux remplacements et travaux annexes pour un montant de 9 millions d’euros. L’investissement doit permettre de porter la capacité de laminage des brames venues de Dunkerque à 3 millions de tonnes par an.
La ligne de laminage a également bénéficié d’une dizaine de millions d’investissement pour développer la capacité de production d’acier Usibor, alliage de plus en plus prisé par les producteurs automobiles et dont ArcelorMittal détient le brevet. Florange assure une production annuelle de 700 000 tonnes tandis que l’usine ArcelorMittal de Gand (Belgique) adapte ses équipements pour atteindre une production de 100 000 tonnes/an d’ici à 2017.
Le succès d’Usibor ne fléchit pas. Nous envisageons à présent la création de nouvelles unités pour accompagner nos clients en Chine ou au sud de l’Europe, mais ces nouvelles capacités n’affecteront pas la production de Florange.
Eric Niedziela, directeur général d’Amal, qui regroupe 8 sites européens d’ArcelorMittal
Le packaging n’est pas en reste. Un investissement de 4 millions d’euros a permis de doubler la production mensuelle d’acier pour emballage qui se monte aujourd’hui à 250 000 tonnes par an, dont 100 000 tonnes pour les canettes de boisson.
258 millions d’euros à l’horizon 2020
Cette première vague de travaux représente un investissement de 55 millions d’euros auxquels s’ajouteront 183 millions d’euros d’ici à fin 2017. Les engagements pris par le groupe envers le gouvernement Ayrault en décembre 2012 sont donc non seulement respectés, mais nettement dépassés. D’ici à 2020, l’investissement global pourrait se monter à 258 millions d’euros, confirmant la pérennité du rentrage de Florange sur la filière froide. Le sidérurgiste a également respecté ses engagements en matière de recherche : un préfigurateur de cycle de chauffe issu du programme de recherche Low Impact Steel Making (Lis) conduit par ArcelorMittal research à Maizières-les-Metz entrera en test à Dunkerque cet été.
L’emploi, variable d’ajustement
Les séquelles psychologiques laissées par 18 mois de conflit n’ont pas entièrement disparu. L’arrêt de la filière liquide a fait perdre 600 salariés au site mosellan et a obligé le groupe à un gros effort de reclassement en interne. La quasi-totalité des salariés des hauts-fourneaux a achevé sa reconversion et la formation de l’ensemble des salariés a mobilisé 100 000 heures de formation. Mais Florange n’a pas encore démontré sa compétitivité : tandis que les ratios de production de l’industriel se montent à 1 200 tonnes d’acier par ouvrier et par an, le site mosellan se situe à 900 tonnes par an. Des gains de capacité devraient augmenter cette moyenne, mais l’emploi constitue également une variable d’ajustement. A quelques jours de la convocation d’un comité central d’entreprise, la direction reste très discrète quant aux résultats de la Gestion des emplois et compétences engagée en 2013 et se refuse à évaluer l’effectif du site au cours des prochaines années. Les 30 recrutements annoncés cette année, qui s’ajoutent à 35 autres décidés l’an dernier, ne compenseront pas les nombreux départs en retraite des sidérurgistes et le site, qui emploie aujourd’hui 2 000 salariés, continuera à perdre des emplois.
Le flou reste également de mise quant à l’impact de l’arrêt des hauts-fourneaux sur les sous-traitants de la vallée de la Fensch, dont le nombre même est à peine identifié. Les intérimaires, au nombre de 700 sur l’ensemble des sites d’Amal, verront leur nombre chuter dans la perspective des nombreux arrêts de maintenance prévus tant à Dunquerke qu’à Florange.
--Télécharger l'article en PDF --