L’Ile-de-France concentre 36 % des investissements des « business angels » et de fortes disparités existent selon les régions. La réforme territoriale rebat les cartes, notamment dans le Grand Est, où le réseau se structure.
Dépités, mais pas découragés.
Les « business angels » français n’ont guère obtenu d’avancées lors du débat parlementaire qui, en décembre, devait leur faciliter l’accès au compte PME Innovation et leur permettre de déduire les fonds investis de l’assiette de calcul de l’impôt sur la fortune. Ces actionnaires de la première heure ne renoncent pas pour autant à miser sur les jeunes pousses, auxquelles ils ont apporté plus de 200 millions d’euros en dix ans.
Les « business angels » sont sensibles aux avantages fiscaux, mais ils sont avant tout conscients de jouer un rôle essentiel dans l’écosystème. Quel que soit le foisonnement de start-up innovantes, l’argent reste le nerf de la guerre et ils sont les mieux placés pour accompagner les projets de l’amont à la phase de refinancement.
Benjamin Bréhin, délégué général de France Angels
Le réseau entend bien profiter de la présidentielle pour faire entendre sa voix, Livre banc à l’appui.
4 fois moins de « business angels » en France qu’au Royaume-Uni
Têtes chercheuses des pépites de demain, les « business angels » essaiment sur le territoire. Certes, l’offre de financement reste frileuse comparée aux pays étrangers : en 2015, 4.500 « business angels » français ont investi 42 millions d’euros, tandis que leurs confrères britanniques, quatre fois plus nombreux, levaient 300 millions d’euros. Mais l’aspiration de plus en plus marquée de jeunes diplômés à créer leur entreprise sans passer par la case salariat, l’engouement des grands groupes pour les start-up et le soutien accru des collectivités à l’innovation créent un contexte favorable.
Sur le terrain, le réseau se structure donc. France Angels, fédération nationale, maille le territoire de 77 réseaux. Les investisseurs régionaux soucieux de financer l’innovation de proximité constituent l’essentiel de l’effectif : les « anges » qui tablent sur la probabilité d’une bonne affaire sur dix projets, contre trois pertes et six participations pérennes, aiment suivre leurs affaires de près.
La répartition géographique des clubs reste hétéroclite et concentrée en Ile-de-France, qui compte 9 réseaux réalisant 36 % des investissements nationaux. Les quatre réseaux de la Nouvelle Aquitaine réalisent 14 % des levées de fonds, tandis que les Hauts-de-France et le Grand Est n’en totalisent que 7 %.
Les réseaux régionaux de business angels s’organisent
En Lorraine, une quinzaine de dirigeants, cadres supérieurs ou ex-patrons lorrains ont fondé le réseau Yeast (« levure, en anglais) pour contribuer à l’émergence de jeunes pousses locales du numérique. En deux ans, le club a auditionné une trentaine de porteurs de projets et détecté des pépites telles Divacore, Citizen Cam ou My Music Teacher.
Mais la rareté des « business angels » ayant pignon sur rue traduit tantôt l’aridité du terreau local, tantôt la préférence d’investisseurs privés ou de holdings familiaux pour des investissements discrets.
La réforme territoriale les a par ailleurs conduits à élargir leurs terrains de chasse respectifs.
Nous avons rapproché les réseaux des trois anciennes régions du Grand Est pour partager nos informations et mutualiser les risques. Nous y avons gagné en visibilité et voyons des porteurs de projets nous solliciter spontanément.
Bernard Fliegans, président d'Alsace Business Angels
Les réseaux se constituent également sur des bases thématiques telles la médecine, la filière bois ou l’environnement. Ils peuvent aussi s’articuler autour des anciens élèves de grandes écoles (Essec, Polytechnique ou Arts et Métiers). Les campus Arts et Métiers ParisTech de Metz et de Châlons-en-Champagne ont ainsi rejoint le réseau Est Angels.
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