Le bassin sidérurgique englobant le nord-lorrain, le sud du Luxembourg et la Wallonie septentrionale ne connaissait guère de frontières. L’industrie, l’immigration et les guerres y ont forgé une culture commune que viennent aujourd’hui réveiller des projets culturels.
De mars à juin prochains, la jeunesse du Pays-Haut-Val d’Alzette sera invitée à retrouver la mémoire – en l’occurrence, celle de son propre territoire. Les collégiens d’Aumetz travailleront sur une création artistique inspirée du camp de concentration de Thil (Meurthe-et-Moselle) et du bataillon Rodina fondé en mai 1944 par 37 prisonnières russes évadées de la mine où elles étaient contraintes de travailler. Les élèves du collège d’Audun-le-Tiche (Moselle) construiront pour leur part une narration collective sur le travail dans les mines de fer. Animé par la compagnie strasbourgeoise Mémoires vives, intervenante réputée dans le domaine des mémoires plurielles et collectives, ce travail pose les jalons d’un projet transfrontalier qui devrait postuler l’an prochain aux fonds Interreg V.
Musée mobile transfrontalier
Les mines, la sidérurgie, l’immigration, la Résistance constituent un point commun entre les populations du nord lorrain, du Luxembourg et de la Belgique. Ce passé pas si lointain reste très présent, même si certains sujets sont restés figés sous une chape de plomb ou dans une vision idéalisée.
Isabelle Chaigne, chef du projet Culture de la Communauté d’agglomération Pays-Haut-Val d’Alzette (CCPHVA)
D’autres thèmes que celui de la mémoire s’avèrent tout aussi fédérateurs. Au printemps 2015, un musée mobile d’art contemporain, le Mumo, a circulé sur l’ensemble du territoire du GETC Alzette-Belval pour le plus grand bonheur de 2 200 enfants français et luxembourgeois. En montant à bord du car bariolé, ils ont découvert 14 œuvres – sculptures, peintures, vidéo ou design) ayant pour thème le vivre ensemble.
Un pôle image à l’horizon
Les prochaines années devraient confirmer le rôle moteur de la culture dans la coopération transfrontalière. Candidate au rang de capitale culturelle européenne en 2022, la ville d’Esch-sur-Alzette entend bien impliquer l’intercommunalité lorraine ainsi que les communes du sud du Luxembourg dans son ambition. Le futur Pôle culturel de Micheville s’inscrit également dans une logique de complémentarité avec les deux autres grands sites culturels du territoire – la Rockhal de Belval et la Kulturfabrik d’Esch-sur-Alzette. Avec son cinéma permanent et son espace modulable de 350 places assises ou 1 200 places debout, l’espace, qui entrera en chantier en 2017, compte trouver son public au carrefour de l’image et de la musique, ouvrant la voie à une coexistence sans concurrence avec les autres phares culturels du territoire.
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