L’usine PSA de Trémery a accueilli ce vendredi François Hollande et Carlos Tavarès, président du directoire de PSA, venus confirmer un investissement de 60 millions d’euros sur le site mosellan qui assemblera un nouveau modèle à essence à l’horizon 2017. A deux jours du deuxième tour des cantonales, la visite présidentielle a également donné lieu à l’annonce de l’implantation d’un centre d’appels qui créera 150 emplois sur l’ancien site d’Ecomouv.
Accueilli par une centaine de salariés réunis au pied des lignes de montages de l’usine PSA Trémery dans une ambiance plutôt fraîche, François Hollande a achevé son allocution de 40 minutes sous des applaudissements chaleureux, puis par un bain de foule durant lequel il s’est prêté de bonne grâce au jeu des selfies. Venu confirmer l’investissement de 60 millions d’euros dont bénéficiera l’usine mosellane retenue pour assembler le moteur 3 cylindres EB Turbo PureTech essence, le Président a profité de sa visite pour saluer l’action de Carlos Tavares, président du directoire de PSA depuis janvier 2014. Il a également mis en exergue les réussites industrielles de la Lorraine et souligné les premiers effets de la reprise, enjoignant l’ensemble des partenaires à « mettre le turbo dans le moteur de l’économie française ».
Arvato à la place d’Ecoumouv
Accueilli par un parterre d’élus régionaux de toute obédience, dont les socialistes Jean-Pierre Masseret, président du conseil régional de Lorraine, Dominique Gros, maire de Metz, Aurélie Filipetti, ancienne ministre de la Culture, et les UDI Patrick Weiten, président du conseil général de la Moselle et Jean-Luc Bohl, président de Metz Métropole, François Hollande a salué l’unité régionale qui a contribué à ancrer le nouvel investissement de PSA à Trémery et n’a pas manqué de rappeler qu’il effectuait en cette fin d’hiver son troisième déplacement présidentiel en Lorraine. Venu à Florange en septembre 2013, puis à Uckange, Florange et Commercy en novembre 2014, François Hollande a assorti sa troisième visite d’une bonne nouvelle concernant le site d’Ecoumouv’, où 157 salariés messins ont perdu leur emploi suite à l’abandon de l’Ecotaxe. Le site implanté sur l’ancienne base militaire 128, fermée en 2012 dans la foulée des restructurations militaires, accueillera un centre d’appels d’Arvato, filiale de l’allemand Bertelsmann. Dénommé Cometz, cette implantation dédiée à Pôle emploi doit créer 150 emplois qui seront ouverts en priorité aux anciens salariés d’Ecomouv.
L’essence en relais du diesel
L’assemblage des nouveaux modèles essence de PSA ne générera pas d’emplois, mais contribuera à pérenniser l’implantation du groupe qui constitue le premier employeur privé de Moselle et de Lorraine avec 5 300 emplois directs et 15 000 emplois indirects. Dans son allocution de bienvenue au Président, Carlos Tavares a rappelé que son groupe fabriquait à Trémery les moteurs diesel les plus propres, tout en soulignant que l’affectation des nouveaux moteurs essence protégerait le site des effets du rééquilibrage entre essence et diesel. Première usine de moteurs diesels du monde avec 40 millions d’unités atteints en janvier 2015, l’unité de Trémery redoutait en effet les incidences à moyen terme de la baisse du diesel. Selon les pointages de la CGT, PSA Trémery, qui compte 3 720 salariés, a perdu 1 200 emplois au cours des 10 dernières années et poursuit un plan de départs volontaire dont l’objectif serait de diminuer de moitié les emplois de structure ne relevant pas directement de la production.
Nous souffrons de sous-effectifs chroniques, les salaires sont gelés depuis trois ans et le stress est tel que de nombreux salariés quittent l’usine, qui risque de perdre ses compétences.
Yann Mondragon, secrétaire adjoint de la CGT de PSA Trémery
Territoires en concurrence
La CGT qualifie par ailleurs de « coup de bluff » la concurrence évoquée entre l’usine espagnole de PSA à Vigo, spécialisé dans l’assemblage final de véhicules, et le site lorrain historiquement dédié à la fabrication de moteurs.
Voici six mois, le groupe a évoqué une compétition entre Vigo et une unité de production slovaque pour faire accepter aux salariés espagnols une baisse de salaires. Il a ensuite fait jouer une concurrence entre Vigo et Trémery pour obtenir un maximum d’aides auprès des collectivités.
Didier Georget, délégué GCT du personnel de PSA Trémery
Dès qu’a été évoquée l’hypothèse de faire fabriquer le nouveau moteur à Vigo, j’ai demandé à rencontrer Carlos Tabarès, qui m’a assuré que la compétition ne se jouait pas entre les sites, mais entre les territoires.
Serge Maffi, délégué du SIA-GSEA, syndicat majoritaire à l'usine PSA Trémery
Mises à contribution, les collectivités lorraines n’ont pas lésiné. Le conseil régional de Lorraine, la Ville de Metz, Metz Métropole et la communauté de communes du pays Orne-Moselle ont consigné une lettre d’engagement portant sur une aide globale de 25 millions d’euros sous forme de fiscalité, de rachat de terrains et d’aides à la formation.
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