Environ 2.500 salariés de l’usine mosellane seront au chômage partiel au prochain trimestre. En attendant les projets de reconversion du site.
Les mauvaises nouvelles ne cessent de s’amonceler sur le site ArcelorMittal de Florange (Moselle), qui s’apprête mercredi à participer à la journée d’action européenne avec grèves et manifestations à l’appel de l’intersyndicale dans tous les sites du groupe contre les fermetures d’usines et les suppressions d’emplois. En octobre dernier, l’arrêt du haut-fourneau P6 a mis au chômage total les 600 salariés de la filière liquide. Le chômage partiel s’étendra début 2012 jusqu’à la filière froide (packaging, divisions auto et industrie) et les services support. Quelque 2.500 personnes, sur les 3.000 salariés du site, chômeront durant treize jours au moins au cours du prochain trimestre.
Vente en berne
La division packaging, qui emploie 500 salariés, paraît la plus menacée à court terme. ArcelorMittal, qui détient deux autres unités d’acier pour emballage à Basse-Indre (Loire-Atlantique) et à Liège, risque de sacrifier le site mosellan dont les ventes sont en berne. La filière liquide attendra le printemps pour vérifier les promesses réitérées sans garantie par du ministre de l’Industrie, Éric Besson, et du PDG d’ArcelorMittal, Lakshmi Mittal, durant l’automne.
Le groupe sidérurgique a engagé en octobre dernier un investissement de 2,5 millions d’euros pour permettre le redémarrage du haut-fourneau P6. Mais la reprise de la demande d’acier, perceptible sur les aciéries côtières du groupe, ne s’est pas traduite sur le site mosellan. Faute d’acier liquide, Florange traite chaque mois 250.000 tonnes de brames acheminées par wagons depuis Dunkerque.
Cette solution ne peut être viable sur le long terme, car elle supprime tout l’intérêt d’un site intégré.
Jacques Minet, délégué CFDT d'ArcelorMittal à Florange
Le programme Ulcos (Utra-low carbon dioxide steelmaking), qui implique ArcelorMittal, l’Etat et les collectivités lorraines, apparaît aujourd’hui comme l’ultime espoir du site mosellan. Bruxelles annoncera en juillet prochain sa décision de l’implantation d’une station de captage de CO2 sur le haut-fourneau de Florange, puis d’un système de conduite qui acheminerait les gaz jusqu’à une station de stockage envisagée dans la Meuse. Le projet, qui représente un coût total de 700 millions d’euros, peut compter sur le soutien de la France, qui doit apporter 150 millions d’euros.
Reste à mesurer l’engagement d’ArcelorMittal. Le sidérurgiste a engagé de sérieuses recherches sur un prototype, qui lui permettrait de réduire de moitié les émissions de CO2 tout en diminuant d’un quart la consommation de coke. Les équipes lorraines d’ArcelorMittal Research espèrent entrer dans la phase expérimentale de captage, qui offrirait au groupe une vitrine technologique unique au monde.
Faire monter les enchères
Dans l’ancien bassin sidérurgique, ArcelorMittal est explicitement suspecté de faire peser la menace d’extinction de l’ultime vestige de la filière liquide lorraine pour faire monter les enchères auprès des collectivités. Ces dernières n’ont pourtant pas ménagé leur soutien, quitte à faire fi des risques environnementaux potentiels du captage/stockage. D’autres indicateurs tels la provenance de la demande d’acier, le cours de l’acier, le prix du CO2 et les exigences des actionnaires pèseront sans doute d’un plus grand poids dans l’engagement du sidérurgiste.
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