Une équipe de chercheurs a décelé la présence de ce gaz à l’état naturel dans un forage de la Française de l’Energie, en Moselle. De gros volumes de méthane sont déjà certifiés dans l’ancien bassin houiller lorrain.

L’annonce récente, par l’exploitant gazier Française de l’Energie (FDE), de la découverte fortuite d’un immense gisement d’ hydrogène naturel, aussi appelé hydrogène blanc, dans les tréfonds de l’ancien bassin houiller lorrain, à Folschviller (Moselle), a suscité un enthousiasme proche de l’emballement. Or ni le volume ni l’accessibilité de cette ressource ne sont, pour l’heure, évaluables et le chemin à parcourir avant une éventuelle exploitation serait très long.

Unique au monde, tant par sa profondeur de six kilomètres que par sa surface de 150 kilomètres carrés, le bassin charbonnier de l’Est mosellan n’a certainement pas révélé tous ses secrets.

Après la fermeture des mines voici une vingtaine d’années, la page industrielle et scientifique a été tournée trop vite. L’hydrogène natif que nous avons découvert sur le site de Folschviller constitue un indice intéressant. Nous souhaitons poursuivre la recherche pour comprendre un modèle géologique dont l’histoire est incomplète.

Jacques Pironon, auteur de la découverte avec son collègue Philippe de Donato

Un nouveau permis de recherche

Tous deux directeurs de recherche de GéoRessource, laboratoire de l’université de Lorraine rattaché au CNRS, ces experts ont piloté le programme Regalor (REssources GAzières de Lorraine), lancé en 2018 par le conseil régional de Lorraine. Cette même année, la FDE, qui avait installé cinq forages exploratoires, avait déposé une demande de concession, dénommée « Bleue Lorraine », sur 40 communes de l’Est mosellan, afin d’exploiter un gisement certifié de méthane de 2 milliards de mètres cubes.

L’industriel a mis l’un de ses forages à disposition des chercheurs, qui ont développé, avec l’aide de la société Solexperts, un outil spécifique permettant de détecter tout type de gaz. La sonde, capable de descendre à 1.100 mètres de profondeur, constitue un acquis important de Regalor. Son utilisation a permis de détecter de l’hydrogène, pour une teneur de 1 % à 600 mètres puis de 17 % à 1.100 mètres. Cette découverte pourrait s’expliquer par la présence de sidérite, une espèce minérale qui, réagissant avec l’eau des galeries, engendrerait de l’hydrogène.

Elle conduit la FDE à demander un nouveau permis de recherche dénommé « Trois Evêchés » sur 2.254 kilomètres carrés en Moselle et en Meurthe-et-Moselle.

Nous souhaitons protéger cette découverte sur un périmètre exclusif. Il nous faudra ensuite obtenir un permis de forage, puis éventuellement d’exploitation. Nous espérons que l’intérêt manifesté par l’Etat et la région Grand Est pour l’hydrogène permettra d’accélérer les procédures, qui sont aujourd’hui excessivement longues.

Antoine Forcinal, directeur exécutif de la FDE

L’entreprise, qui n’a toujours pas obtenu de réponse de la part de l’Etat à sa demande pour « Bleue Lorraine », a porté l’affaire devant le tribunal administratif. L’équipe de GéoRessource espère, quant à elle, obtenir une reconduction du programme Regalor, qui doit s’achever en fin d’année.

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