En 2019, Laurent Villemin et Christian Horn ont fondé la start-up Replace, implantée à Metz, sur la base d’un principe disruptif. Là où les industriels cherchent à intégrer dans leur process des intrants recyclés aussi purs que possible, les deux hommes ont joué la carte du mélange.
Leur solution prévoit d’incorporer des tubes de dentifrice vides, des barquettes de cellophane alimentaire souillées ou des films ultrafins réputés inutilisables dans la fabrication de nouveaux objets en plastique. En trois ans à peine, ils ont convaincu des partenaires industriels et publics de la validité de leur concept, et implanté un premier prototype opérationnel dans la Marne. Une levée de fonds de quatre millions d’euros, principalement apportés par les réseaux des business angels régionaux Yeast et ILP, doit leur permettre de disséminer six installations dans le Grand Est au cours des deux prochaines années.
Du bouchon au poteau
Tout le monde utilise du plastique et souhaite le recycler. Pour ouvrir des marchés de masse, il faut ouvrir de petits centres locaux à faibles coûts au plus près des gisements de déchets et commercialiser les nouveaux produits en circuits courts.
Laurent Villemin, président de la société
L’unité mise en service à Vienne-le-Château (Marne) illustre ce principe. Le prototype marnais a déjà recyclé 500 tonnes de plastique majoritairement issu de coiffes de bouchons de champagne pour les convertir en un million de tuteurs de vignes. La production intègre également des rebuts fournis par des collecteurs de déchets.
Recyclage de friches
Nos recettes permettent de mélanger des rebuts plastiques postindustriels, dont la composition est connue, à des déchets post-utilisation. La nouvelle matière première est obtenue par extrusion intrusion en une seule étape et sans granulation.
Laurent Villemin
Le mélange peut ensuite être mis en oeuvre sous forme de poteaux, de jeux pour enfants, de palettes ou encore de planchers. Filiale de la Compagnie des agrafes à vignes, Keepfil l’a mis en oeuvre pour créer des cornières imputrescibles et recyclables.
Ex-vice-président du site d’emballage de produits cosmétiques Albea Tubes France, à Sainte-Menehould (Marne), Laurent Villemin a choisi de s’implanter à Vienne-le-Château pour reconvertir des friches qu’il a lui-même générées dans ses anciennes fonctions, en réorganisant plusieurs sites de production marnais. D’ici à la fin de l’année, une deuxième ligne de recyclage de plastique doit entrer en service.
Les effectifs de Replace passeront alors de 7 à 15 salariés, grâce à l’intégration de personnes actuellement employées par une entreprise d’insertion . Au cours des deux prochaines années, l’entreprise prévoit d’implanter quatre autres unités dans le Grand Est de la France, avant d’envisager un déploiement en France entière et à l’international.
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