Depuis sa création en septembre 2013, le groupement européen de coopération transfrontalière (GECT) Alzette-Belval n’a connu qu’une directrice : Dorothée Habay-Lê.
Première salariée du GECT Alzette-Belval, alors hébergé dans un bureau de la mairie d’Audun-le-Tiche (Moselle), Dorothée Habay-Lê dirige à présent une équipe de six personnes dans les locaux modernisés d’un ancien laboratoire de la sidérurgie.
Les élus des 12 communes françaises et luxembourgeoises ont choisi dès le départ de doter la structure d’un personnel et d’un budget propre pour pérenniser la coopération. Le territoire exige beaucoup d’ingénierie et ils en attendent beaucoup, ce qui rend le défi intéressant.
Dorothée Habay-Lê, directrice du plus petit GECT de France
Retour par choix
Originaire de Thionville, à une trentaine de kilomètres de la communauté de communes du Pays-Haut-Val d’Alzette (CCPHVA) qui délimite l’opération d’intérêt national Alzette-Belval, la jeune femme connaît ce territoire depuis l’enfance. Dans les années 1990, lorsqu’elle rendait visite à sa famille vivant dans cette frange frontalière du sud luxembourgeois, elle y percevait la tristesse des paysages noircis par l’industrie lourde et la désespérance d’une population ouvrière affectée par son déclin. Après des études de géographie à Metz, elle a passé une licence d’aménagement à Strasbourg. Elle est ensuite revenue dans l’ancien bassin sidérurgique après un passage au service Politique de la ville de Metz Métropole.
Je suis revenue par choix dans un territoire qui illustre de manière singulière les problématiques de développement. La crise de la sidérurgie a touché le territoire de part et d’autre de la frontière et dans les deux cas, la puissance publique est intervenue pour contrebalancer les conséquences du déclin.
Dorothée Habay-Lê
Certes, ni la taille, ni les moyens ne sont les mêmes. Les quatre communes luxembourgeoises du GETC comptent 71.000 habitants dans l’agglomération d’Esch-sur-Alzette, deuxième ville du pays qui fait à présent figure de capitale du sud du Luxembourg. Le Fonds Belval, chargé d’aménager les friches des hauts-fourneaux de Belval, a été doté dès le départ d’un milliard d’euros. La composante lorraine du groupement représente quant à elle 31.000 habitants et l’établissement public d’aménagement (EPA) issu de l’Opération d’intérêt national gère un fonds de 300 millions d’euros.
Déséquilibre
Ces déséquilibres alimentent l’ironie, voire la rancœur d’observateurs qui voient le Grand-Duché régner en maître sur un nord-lorrain vassalisé. Dorothée Habay-Lê récuse fermement cette vision et assure percevoir au quotidien une volonté de coopération sincère entre échevins et maires, ministres et préfets, Etat et préfectures qui orchestrent le devenir du petit territoire. Mais elle admet y avoir appris la résilience, tant les mécanismes sont complexes et les avancées, laborieuses.
Nous sommes au bout du bout de deux pays et le transfrontalier figure toujours à la fin de la to do list des dirigeants.
Dorothée Habay-Lê
Le GECT est parvenu à piloter deux projets européens Interreg, à participer à quatre autres, à lancer une mission de préfiguration IBA (Internationale Bauausstellung) transfrontalière et à s’inscrire de plain-pied dans la célébration d’Esch2022, capitale européenne de la Culture. Dorothée Habay-Lê y voit la preuve que les petits pas, si frustrants soient-ils au quotidien, permettent néanmoins d’avancer.
--Télécharger l'article en PDF --
Poster un commentaire