Cet engagement national, qui encourage les entreprises à développer les bonnes pratiques de diversité au-delà des contraintes légales, englobe un quart des actifs du Luxembourg.
Fin septembre, une trentaine de signataires de la charte Diversité Lëtzebuerg, rejoindront les 200 entreprises grand-ducales déjà engagées dans des démarches de promotion de l’égalité des chances et de la diversité. Le petit pays où se côtoient quotidiennement les ressortissants de 175 nationalités, dont 200.000 frontaliers lorrains, allemands et belges, présente un besoin permanent de main d’œuvre pour soutenir sa croissance. Les RH des grands groupes, mais aussi des établissements publics et des associations, attachent une importance croissante à l’accueil et à l’intégration de salariés venus d’horizons très différents.
La diversité constitue à la fois une réalité et un challenge. Si elle est bien gérée, elle est source de créativité, de productivité et d’interactions positives.
Nancy Thomas, directrice de l’IMS – Inspiring More Sustainabiliy - Luxembourg
Ce réseau associatif d’entreprises luxembourgeoises engagées dans la responsabilité sociétale pilote la charte Diversité Lëtzebuerg depuis 2012. Initiée par cinq partenaires, le ministère de la Famille, de l’intégration et de la Grande Région, PwC, Sodexo, Investor & Treasury Services et Deutsche Bank, rejoints par HSBC et le cabinet d’avocats d’affaires Linklaters, la charte se traduit par des engagements vérifiés, des échanges de bonnes pratiques et la publication d’un baromètre de la diversité, dont la prochaine édition paraîtra en novembre. Elle englobe aujourd’hui 100.000 salariés, soit le quart des actifs luxembourgeois.
Casser les codes
Il n’existe pas de mode d’emploi pour construire une stratégie de diversité. Les problématiques ne sont pas les même dans le secteur du bâtiment, dans un ministère ou dans la finance, et il n’est pas possible de répondre à tous les critères.
Nancy Thomas
L’IMS, qui mobilise deux salariés à temps plein dans la gestion de la charte, met des conseils méthodologiques à disposition des signataires. Son recueil de bonnes pratiques témoigne d’un foisonnement d’idées dans de multiples domaines.
La parentalité et l’égalité homme-femme ont ainsi conduit BNP Paribas à casser les codes de la fête des pères en instituant ce jour-là l’ElterenFouer, un salon des parents ouvert à tout le personnel. Dans le secteur des services à l’automobile très masculin et parfois machiste, Ecowasch assume avec volontarisme des recrutements féminins. A contrario, le laboratoire d’analyses médicales Ketterhill participe au Boy’s Day organisé par le ministère de l’Égalité des chances pour convaincre des garçons de rejoindre ses équipes. Le cabinet d’avocats Allen & Overy met en avant son choix de recruter des femmes visiblement enceintes, tandis que la ville de Dudelange met en place le programme Gender4kids destiné à déconstruire les préjugés de genre parmi le personnel en charge de jeunes enfants.
Interculturalité
En matière d’interculturalité, l’Ecole de langues Berlitz Luxembourg se distingue en organisant des rencontres entre élèves et enseignants de nationalité différente. Association spécialisée dans la microfinance, Ada – ASBL s’engage dans la diversité intergénérationnelle en orchestrant le partage d’expérience et de compétence entre son personnel plutôt jeune et les « personnes pivot » de plus de 50 ans. Cette politique s’est entre autres traduite par le recrutement en tandem d’une jeune française et d’un quinquagénaire d’origine africaine. Chez BNP Luxembourg, le réseau professionnel MixCity a obtenu la création d’un poste de Diversity officer. Également signataire de la charte, l’Évêché du Luxembourg élabore avec ses syndicats et ses délégués du personnels une convention collective garantissant le respect de la diversité.
Adhérent, depuis 2012, de la plateforme européenne de la diversité, le Luxembourg y a acquis un statut de leader particulièrement actif et inventif – même si le pays n’est pas exempt de discrimination. Nombre de frontaliers français décrivent une situation de travailleurs immigrés parfois pesante.
Il existe des différences entre les grandes entreprises internationales implantées au Luxembourg et le secteur public ou les PME, où les emplois sont majoritairement luxembourgeois. Mais le pays offre notamment à des femmes professionnelles de la finance et originaires de pays non-européens des perspectives de carrières qu’elles n’auraient pas trouvé ailleurs.
Hélène Langinier
Enseignante-chercheuse à l’École de management Strasbourg Business School, cette spécialiste du management interculturel, de l’expatriation et de la diversité linguistique a trouvé au Luxembourg un riche terrain d’expérimentation.
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