L’industrie part à la conquête des jeunes et des femmes. Organisé par Bpifrance et l’UIMM, le French Fab Tour a débuté à Metz et s’achèvera à Toulouse. Objectif : susciter des vocations pour pourvoir 70.000 postes
Le French Fab Tour a repris la route. Resté à l’arrêt en 2020 pour cause de Covid, cet événement dédié à l’industrie a redémarré son Tour de France, le 13 septembre de Metz. L’objectif est de promouvoir l’industrie et ses métiers auprès des jeunes avec des arguments nouveaux. La crise sanitaire a relancé l’ambition de souveraineté industrielle, tandis que la relance économique met en exergue un criant manque de main d’oeuvre .
Le French Fab Tour se déroule cette année en 13 étapes, chacune devant accueillir environ 300 jeunes, étudiants et demandeurs d’emploi qui découvriront, à l’occasion de masterclass, d’expositions ou d’immersion en réalité virtuelle, les mutations et les innovations de l’industrie française. Parti de Metz le 13 septembre, le French Fab Tour fera étape à Valenciennes, à Caen, à Rennes, au Mans, à Niort, à Bourges, à Paris, à Dijon, à Annecy, à Chambéry et à Avignon, et terminera sa course à Toulouse le 21 octobre.
Reconstruire une tribu d’industriels
La tournée 2021 est placée sous signe de la relance et de la reconquête. Le French Fab Tour rend hommage à la résilience des entreprises après la crise sanitaire et s’emploie à susciter des vocations pour éviter la pénurie de main d’oeuvre. Venue inaugurer l’événement, au pied de la cathédrale de Metz sous un soleil radieux, Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée de l’Industrie, a mis l’accent sur les 70.000 postes à pourvoir et invité les jeunes filles à se lancer sans crainte dans les carrières scientifiques et industrielles.
Le French Fab Tour tient à la fois de la grand’messe et de la kermesse. Vibrant au son de la musique électronique composée spécialement par le groupe The Penelopes, le chapiteau de 400 mètres carrés tendu de bleu s’ouvre sur les stands de Bpifrance et de l’union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM), organisateurs de la tournée. Le coq bleu symbole de la marque French Fab y est décliné dans toutes les tailles.
L’industrie a perdu sa place centrale car les industriels étaient très isolés. Nous voulons restaurer la confiance et reconstruire une tribu d’industriels pour offrir aux jeunes une grande et belle vie dans l’industrie.
Nicolas Dufourcq, directeur général de Bpifrance
Tandis que le président de l’UIMM et PDG de Dassault Aviation, Eric Trappier assure pour sa part que la souveraineté nationale ne se conçoit que sur la base d’une conception, une fabrication et une innovation françaises.
L’industrie engagée dans la transition énergétique
Conçu pour porter haut la bannière de l’industrie nationale, le French Fab fait aussi la part belle, dans chaque ville, aux régionaux de l’étape. Dans le Grand Est, les élus locaux n’ont pas manqué de rappeler le caractère séculaire de l’industrie, mais aussi la performance des écosystèmes. Président de Metz Métropole, François Grosdidier rappelle ainsi la présence, à Maizières-les-Metz, du centre de recherche & développement ArcelorMittal, qualifié de « Nasa de la sidérurgie ».
Quant au président du conseil régional Grand Est, Jean Rottner, il évoque le Business Act par lequel l’institution accompagne un millier d’acteurs vers l’avènement d’une industrie « 5.0 ». Monté sur le podium en costume, mais sans cravate, Hervé Bauduin, président de l’UIMM Lorraine, alerte lui sur les besoins en énergie des industries locales et réaffirme son soutien au nucléaire, présenté comme un gage de souveraineté et de ressource décarbonnée.
Omniprésentes dans les discours, la transition énergétique et les questions environnementales inspirent à Agnès Pannier-Runacher une assertion catégorique :
L’industrie est présentée comme sale et polluante. Or, elle représente 20 % du problème et 100 % de la solution.
Agnès Pannier-Runacher
70.000 emplois industriels à pourvoir
Les jeunes générations sont invitées à s’intéresser à l’industrie, et en particulier les jeunes femmes. Présentées comme « celles qui veulent sauver le monde », elles sont encouragées à embrasser des carrières industrielles et scientifiques. La vice-présidente de l’UIMM Lorraine, Nathalie Vaxelaire, PDG de l’équipementier Trane Vosges, par ailleurs membre du conseil de la mixité et de l’égalité professionnelle, cite l’association Capital Filles, qui permet à des entreprises de « marrainer » des jeunes filles vers l’industrie.
Quant à la secrétaire d’Etat, elle invite toute la jeunesse à pousser les portes des usines.
Soyez curieux, allez voir vous-mêmes : l’industrie paye plutôt bien, offre des ouvertures à l’international et procure un sentiment de solidarité que l’on ne retrouve pas ailleurs.
Agnès Pannier-Runacher
La ministre a une longue expérience dans le secteur, notamment comme directrice de division R&D de Faurecia.
Le plan de relance consacre environ 35 milliards d’euros à l’industrie. En contrepartie, Agnès Pannier-Runacher demande aux entreprises d’offrir des vrais stages aux jeunes dès la troisième, de s’ouvrir à l’apprentissage, à l’alternance, aux écoles de production ou à celles de la deuxième et de la troisième chance. Elle invite également l’industrie à dissiper les préjugés et à accueillir tout le monde, y compris d’anciens chômeurs de longue durée, pour pourvoir ses 70.000 postes vacants.
La crise sanitaire a démontré que l’industrie constitue la colonne vertébrale économique et sociale du territoire.
Hervé Bauduin, président de l'UIMM Lorraine
Le French Fab Tour s’engage dans une tournée afin qu’elle ne manque ni de têtes, ni de bras.
--Télécharger l'article en PDF --
Poster un commentaire